3615 MY LIFE N°04

Barry Mac Guigan

La vie dans la commune dans laquelle je résidais depuis 1975 n’était pas insupportable, mais pas franchement trépidante non plus. Peu d’habitants, peu d’activités.

Il est 18h et je sors du boucher dans le noir tranché uniquement par l’éclairage municipal. En rentrant, je sais que l’ambiance familiale sera au mieux correcte et au pire morose. Ma vie n’est donc ni Byzance ni l’Enfer de Dante…

Dans la boite en fer qui abritait jusqu’à présent les biscuits secs de ma grand-mère, un nouvel arrivé attend dans ma chambre et c’est Barry Mac Guigan, fourni une fois de plus, vous l’avez deviné, par mon quasi-voisin Florent. Aussitôt lancé, une musique guillerette se fait entendre, une fenêtre me propose alors de personnaliser mon personnage et vu qu’à l’époque je ne suis pas très au fait de la notion de multi-ethnicité, je m’oriente tout naturellement vers un blond aux yeux bleus.

Un autre menu coloré me propose de répartir des points sous la forme d’unités d’entraînement que j’ai la fâcheuse tendance à placer principalement dans le temps consacré au « light bag ».

En effet, l’attribution de 4 points de compétence à cet objet me permet « in-game » de balancer une véritable volée de bois vert à mon adversaire dont le résultat est bien souvent sa mise au tapis.

Un effet bien sympathique de ces coups à répétition est celui de provoquer l’enthousiasme du public (représenté par des ovales de tailles diverses) pouvant aller jusqu’à l’hystérie collective. Pour rappel nous sommes en 88-89 et à l’époque je suis toujours à l’affût de ce qui ressemble de près ou de loin à Ken le Survivant ou tout autre ersatz comme After the War. 

Pour en revenir à ma participation au championnat du monde de boxe, quelque soit ma détermination et l’esprit combatif de Ken Shiro qui m’habite, je ne parviens pas à battre plus de trois malheureux adversaires, ces derniers ayant l’agacente tendance à voir leurs points d’endurance remonter à chaque relevée de KO, sabotant ainsi mes efforts et semant le doute dans mon esprit quant à l’efficacité des techniques Hokuto de cuisine.

Malgré ces déculottées régulières dues je le reconnais à mon manque patent de stratégie, je reviens souvent vers Barry Mac Guigan et m’amuse toujours autant.

Roberto Carangelo