– Juin 2006- (Source : Phenix Informatique)

Fagal : Merci Brice d’accepter de nous rendre visite et de répondre à ces quelques questions !
Brice : De rien. C’est génial de trouver des gens comme vous qui veulent partager leur passion.

F : Alors pour ceux qui ne te connaissent pas, peux tu te présenter en quelques mots ?
B : Je suis ingénieur (de l’ESIEA). Je programme depuis plus de vingt ans et le CPC à été mon second ordinateur (après le ZX81). Avant ça, mon hobby était l’électronique.

F : Comment t’es venue l’idée de développer un émulateur sur Linux (CPC est un des rares émulateurs sur cet OS) ?
B : La motivation principale à été la nostalgie. J’adorais ressortir mon vieux 6128 et replonger dans cet univers. Le problème, c’est que je n’avais plus assez de place sur mon bureau pour l’avoir en permanence. Et puis un jour de 1994, je me suis rendu compte que je pourrais écrire un prog qui ferait tourner les softs CPC sur une autre bécane en simulant tout le hardware d’un CPC. Bien sûr, ça s’appelle un émulateur, mais, à l’époque, je ne savais pas qu’il y avait plein de gens qui faisaient ça.

Comme je bossais principalement sous SunOS et que le Sparc que j’utilisais était de loin la machine la plus puissante que j’avais, j’ai commencé à programmer CPC sous Unix. J’ai fait une première version assez rapidement pour me rendre compte que, si je voulais une émulation suffisamment précise pour faire tourner toutes les bidouilles qu’on trouve dans les jeux et autres démos, ça allait être beaucoup plus long. Enfin, j’ai fini par réussir et j’avais mon émulateur qui marchait comme je voulais.

Et puis, par hasard, je suis tombé sur comp.sys.amstrad.8bit et là, je me suis vite rendu compte que je n’étais pas le seul allumé qui perdait son temps à faire survivre des ordinateur préhistoriques J’ai contacté Emmanuel Roussin (de genesis8) pour lui parler de mon émulateur ainsi que d’un système que j’avais créé pour transférer les floppies Amstrad sur mon Mac (cpcterm). Il était d’un enthousiasme très communicatif et il m’a donné envie de distribuer CPC . Comme CPC tournait sous SunOS, il était assez facile de le porter sous Linux. Ce que j’ai fait. Ensuite, je me suis consacré à une version Mac qui est encore aujourd’hui, de loin, plus aboutie.

F : Comment as tu débuté sur CPC à l’époque ?
B : J’ai appris à programmer avec un ZX81. J’avais fait éditer un jeu chez Ère Informatique sur le ZX (Surfix). Comme c’était la fin de l’époque du ZX (en terme d’édition de jeux), Philippe Ulrich m’a montré des prototypes de jeux CPC (Crafton & Xunk et Eden Blues) en m’expliquant que c’était ce genre de chose qu’il fallait faire. Je me suis fait offrir un, 464 puis un 6128 et, comme je connaissais le Z80 sur le bout des doigts grâce au ZX, ça à été un bonheur direct.

F : Sur quels softs as tu travaillé pour l’Amstrad ?
B : E.X.I.T, le jeu que j’ai créé avec mon comparse et graphiste Laurent Boucher Defender of the Crown, le portage de la version Amiga (encore avec Laurent) Puis des protection contre la copie (Skateball, Omeyad, Le Maître Absolu)

F : Pour l’adaptation de Defender of the Crown, comment as tu été choisi, tu as postulé ?
B : En fait, Ubi nous a proposé de faire l’adaptation après que nous aillions réalisé notre propre jeu (E.X.I.T). Probablement parce qu’ils avaient été impressionnés par la qualité de notre travail Nous avions choisi de faire E.X.I.T chez Ubi (plutôt que chez Ère) parce que Laurent était un ami d’enfance des frères Guillemot. Pour Defender, nous avons accepté parce que l’original était vraiment un bon jeu.

Par contre, on a eu aucune information sur le programme original à part la documentation Amiga et un article paru dans un magazine US. Du coup, on a passé des heures à jouer pour voire comment il marchait. Un truc qui est très dommage d’ailleurs, c’est que je me suis trompé dans le calcul des déclencheurs pour les séquences qui donnent une chance d’épouser les belles princesses. Du coup il faut vraiment jouer longtemps pour avoir une chance de les voir.

F : Si tu devais donner des noms de softs qui t’ont marqué sur CPC quels seraient-ils ?
B : Pyradev, l’environnement de développement en assembleur. C’est un développeur qui bossait avec Ubi qui me l’a fait découvrir. Ça m’a fait gagner un temps fou pour écrire E.X.I.T et DOTC. Pour les jeux: Barbarian et Prince of Persia pour l’animation des personnages Driller et compagnie pour la 3d en faces pleines Super Ski pour la sensation de vitesse Boulder Dash j’y ai passé tout un été Sentinel pour la 3d et l’idée Highway encounter Nebulus Y’en a trop Pour affiner l’émulation de CPC , j’ai aussi passé beaucoup de temps à désassembler des démos. Là j’ai vraiment trouvé des morceaux de code assez incroyables.

F : Et comme il n’y a pas que cette machine, quels sont les autres, toutes machines confondues ?
B : En premier toutes catégories, le soft qui m’a le plus impressionné, c’est la ROM du ZX81. Il faut pouvoir apprécier, mais l’équipe de Sinclair qui a écrit ça a vraiment fait un boulot de génie. Sinon, si on passe la préhistoire, j’ai vu beaucoup de trucs en 20 ans. Ce qui m’intéresse le plus, c’est l’évolution des logiciels en termes d’intelligence. Je ne joue plus beaucoup mais ces dernières années, j’ai beaucoup aimé: Starcraft, Myst, Halo, Unreal Tournament, Medal of Honnor.

F : Travailler dans l’informatique à cette époque t’a t-il permis de faire des rencontres uniques ?
B : J’ai rencontré des éditeurs (Ère et Ubi) mais j’ai surtout été halluciné par le génie des programmeurs de l’époque combiné avec leur totale absence de vie sociale

F : Et aujourd’hui es tu toujours dans le monde du JV ?
B : Non, je fais du traitement d’images, de l’intelligence artificielle et de l’architecture SW.

F : Une nouvelle version de CPC est elle en préparation ? (attention à l’exclusivité ^^)
B : Pas vraiment. La version Mac est exactement comme je le voulais et c’est elle que j’utilise. J’ai une version Windows (jamais distribuée), mais ça ne sert à rien vu la qualité des émulateurs existants. Par contre la version Linux est très loin derrière. Il faudrait que je la mette à niveau mais je n’ai pas vraiment le temps en ce moment.

F : Les émulateurs c’est bien, mais une des grandes questions qui revient régulièrement entre passionnés : la machine originale n’est elle pas plus fun ?
B : Je comprends le point de vue de ceux qui préfèrent la machine, mais personnellement, mon attachement pour le CPC est plus envers le software que le hardware (sinon, je n’aurais pas fait d’émulateur). Je suis un peu comme le traître dans Matrix qui savoure son steak et qui s’en fout qu’il n’existe pas vraiment

F : Question de curieux : est ce que tu connaissais le site Phenixinformatique.com avant que je ne te contacte ?
B : Comme je lis de temps en temps CSA8, je vais souvent voir les sites Amstrad. Et je suis bien passé sur Amstrad.eu. C’est un très bon site, mais il ne parle pas assez de CPC

F : Merci à toi Brice, tu peux rappeler si tu veux la ou les adresses de tes sites, et je te laisse la parole pour conclure ! N’hésite pas à repasser sur le site ou le tchat on sera ravis de discuter avec toi 😉
B : CPC se trouve sur http://bricerive.com/cpc/cpcpp.html À bientôt sur Phenixinformatique.com

Note de Fagal pour Brice : Désolé pour les scans, j’ai tout perdu dans un reformatage catastrophique