Comme j’étais passionné depuis la fac par la programmation en Forth, j’ai décroché un boulot de programmeur en Forth mais c’était à des kilomètres d’où j’habitais. La même semaine, j’ai vu une annonce dans la revue Popular Computing Weekly disant qu’Amstrad recherchait du monde et ce n’était qu’à un quart d’heure de chez moi. J’ai eu un entretien avec Roland Perry le vendredi et je commençais le lundi.
(Project Manager des NC et PenPad)
Sur quels projets avez-vous travaillé ?
Le lecteur de cassettes intégré, plus fiable, était une autre grande idée. Et le firmware ainsi que le Basic posent encore aujourd’hui les standards de comment les choses devraient être faites de nos jours (API totalement documentés).
Que pensez-vous du PenPad ?
Aujourd’hui, personne ne se souvient d’Amstrad et son PenPad et d’Apple et son Newton. L’idée venait en fait d’un gars appelé Stephen Randall d’Eden Group à Macclesfield, une entreprise de design, mais sans savoir faire pour la production en masse ou le marketing, donc nos entreprises étaient de bonnes solutions.
Il avait déjà eu la prévoyance de déposer les brevets pour des tas d’idées sur ce produit (je me demande s’il touche encore des royalties de tous les autres producteurs de PDA ?) Le produit devait être un “filofax électronique” et c’est exactement ce que nous avons réalisé.
Il a toujours une approche de béotien et anticipe leur réaction. Sur le NC100, c’est lui qui a écrit les 35 premières pages du manuel. Pour le PenPad, il fit de même, faisant passer le message dans le jargon de Mr Tout le monde plutôt que de laisser un technophile de base comme moi écrire cela (même si j’ai écrit moi-même les 200 dernières pages du manuel du NC200).
Quand nous avions des difficultés à le vendre (à 299£) d’autres personnes sont venus avec des applications de ‘saisie’ qui sont en fait l’utilisation naturelle d’un ordinateur LCD, piloté par stylet et qui tient dans la poche (imaginez les gens d’EDF venir relever votre compteur avec un PC tactile. Top – mais peut-être encore un peu en avance sur son temps)
Y avait-il une sorte de concurrence avec Apple pour voir qui le commercialiserait en premier ?
Nous n’avons été au courant du projet Newton que 2-3 mois avant le lancement du nôtre (6 mois avant le leur). Nous y travaillions depuis 2 ans et demi et j’imagine que c’était la même chose pour Apple, mais aucun des deux n’était au courant des agissements de l’autre (je doute qu’un géant comme Apple se soit intéressé à ce qu’un petit comme Amstrad mijotait).
Tous les produits Amstrad, du premier au dernier, sont construits afin d’être vendus à un certain prix dans les chaînes Dixons (NDLR : revendeur de matériel électronique au grand public) un samedi après midi au prix que l’homme de la rue était prêt à mettre et ce fixé par les gens du marketing (particulièrement Alan).
Ils avaient décidé qu’il se vendrait à 299£. Donc, enlevez les 17.5% de TVA cela vous donne un prix de 255£ H.T. Le revendeur demandera une marge de 30-40%, Dixons 35%, ce qui amène le prix à 188£. N’étant pas philanthropes, nous souhaitons une marge de 30%, ce qui nous donne un prix produit fini de 145£. Il y a les coûts de douanes et de transport de l’Extrême-Orient de 10%, ce qui nous donne un coût de 132£.
L’usine en voudra une partie pour son travail, environ 10%, ce qui amène à un coût final de 120£. Les composants sont presque toujours payés en dollar. À l’époque, le taux de change était d’environ 1.5, donc nous disposions de 180$ pour l’achat de composants si nous voulions rester dans les 299£ fixées.
Bon, les deux principaux éléments en termes de coûts étaient l’écran LCD et le panneau tactile au-dessus. Je crois que le panneau revenait à 25$ et l’écran entre 70 et 80. Cela représente plus de la moitié du coût. La licence pour le logiciel de reconnaissance (licence déposée) ainsi que le design d’Eden revenait également cher en royalties. C’était tout juste faisable pour 299£.
Il n’y a pas longtemps, j’ai vu un Palm dans les 70£ et je me demande comment ils font et s’ils gagnent vraiment leur vie ?
Dans la plupart des produits, cela veut dire l’utilisation d’une ROM différente et un software par pays, mais comme la philosophie se basait sur des icônes plutôt que sur des textes fastidieux, nous avons opté pour une ROM couvrant les cinq langues. C’est génial pour le contrôle de nos stocks parce que si quelque chose se vend comme des petits pains en Espagne, mais pas du tout en Allemagne, il suffisait d’envoyer quelques semi-remorques bouger le stock.
Si chaque pays devait avoir sa ROM, cela aurait impliqué de la placer sur un socket (et faire grimper le prix de revient). On a le même problème avec les PCs (et CPCs et PCWs) et leur clavier différent. Comme le PDA n’en a pas, le problème ne se posait pas.
C’était tellement le bébé d’Alan qu’il a insisté pour écrire les 35 premières pages du manuel de l’utilisateur en argumentant que “vous autres tarés pourrez écrire ce que vous voudrez après” (ce que l’on a fait !)
Le NC100, comme tous les produits Amstrad, était plutôt destiné au conducteur de camion (NDLR : image qu’aimait bien employer AMS) qui se promène dans un magasin Disons le samedi après-midi. Le Z88 était plutôt destiné à des nerds (NDLR : geek) comme moi…
Il a été abandonné, car le PDA600 ne s’est pas vendu en quantité suffisante et que le très sensible récepteur radio ne fonctionnait pas à côté des bruyantes parties électroniques du circuit.
Interview réalisée le 23 Octobre 2003. Merci à M. Lawson pour ses réponses, sa gentillesse et son humour !
(c) Charles da Silva – 2003
Une bien belle et précieuse interview
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