PPC : Présentation

Le temps des compatibles.
Amstrad avait définitivement basculé vers le monde PC (Sugar aura encore un relent d’affection vers les 8 bits quelques années plus tard avec la série des CPC+) et avait fortement secoué le marché avec son PC 1512 et 1640. Désireux d’être présent sur tous les secteurs (surtout quand ils sont porteurs, à la mode Amstrad), la marque anglaise voulait réaliser le portable le moins cher du marché.

On peut donc se dire qu’Amstrad va tout simplement faire sur le marché du portable PC ce qu’ils avaient fait sur le marché de l’informatique familiale, puis du PC. Et bien pas du tout…

Amstrad a cherché à être différent sur le produit plus que sur le concept. Autant, prix exclus, les CPC, PCW et PC n’avaient rien d’exceptionnel quant au produit à proprement parler, autant les PPC sont différents, originaux. Sa seule vue suffit d’ailleurs à convaincre de l’originalité de la machine. A première vue, il s’agit d’un vulgaire parallélépipède de plastique et il faut l’ouvrir pour découvrir qu’il s’agit d’un ordinateur.

Amstrad PPC 512

PPC 640 / PPC 640 HD20

Analysons d’abord l’architecture de cet ordinateur et mettons le dans son contexte. Le PCW avait révolutionné le monde du traitement de texte et Amstrad avait sorti sa gamme PC qui avait fait un véritable tabac. D’ailleurs, les PC 1512 et 1640 se vendaient encore. Sugar décida donc de se lancer dans la course du portable. Le marché du 8 bits s’écroulait, malgré quelques produits MSX 2. Next lançait son Cube, le standard PC continuait à accroître sa domination et seul Sinclair (enfin Cambridge Computers) lançait un original Z88 – que Sugar imiterait d’ailleurs plus tard avec la série des NC.

La marque de Brentwood se penche donc sur un compatible IBM PC portable. Osborne avait déjà tenté avec son Osborne-1, mais bon là on parle plutôt de transportable de 13 kg ! Le PPC est lui plus modeste puisqu’il ne fait que 6 kg.

Amstrad ne révolutionne rien, mais garde son originalité.
Le processeur est un Nec V30, un compatible 8086 utilisé notamment par l’Olivetti Quaderno. La vitesse d’horloge du processeur japonais est de 8 Mhz. Rien de transcendantal donc. Le PPC 512 est équipé de 512 Ko de RAM (640 pour le PPC 640, que du logique quoi…). On est sur une cible professionnelle, donc pas de place à la fioriture. Pas de chip son, juste un bipper et un écran LCD monochrome capable d’afficher du 640*200 et 80 colonnes sur 24 lignes. Il était possible de lui adjoindre un moniteur CGA.

Côté mémoire de masse, c’est simple ou double lecteur de disquettes 3″1/2 ou disque dur. Le tout démarrant sur un MS-DOS 3.3 classique.

Comme on peut le voir, rien de phénoménal. Pourtant, en regardant de plus près on s’aperçoit qu’il y a plein d’éléments originaux voire bizarre.
Commençons par le look. Le portable s’ouvre tel un livre pour révéler le clavier sur la partie inférieure, et l’écran ainsi que les boutons de contrôle sur la partie supérieure. L’écran LCD est escamotable, afin d’améliorer sa lisibilité et le confort de travail.

Continuons avec l’alimentation. Elle peut être classique, avec un transfo, ou carrément par 8 piles types LR14. Bon, forcément, l’autonomie est plus que réduite. Mais quand même…

En ouvrant le PPC, on est frappé par l’architecture du produit. C’est compact, très compact. C’est très difficile d’accès et empêche quasiment toute bidouille dans l’ordinateur. Vous me direz, ce n’était pas non plus l’objectif.

Le PPC 640 ouvert.
Détail sur la carte modem liée à la carte mère.
Il est quasi impossible d’accéder à quoi que ce soit et le démontage est très compliqué. Mais c’est aussi un modèle de propreté et de qualité.
Voici les 3 cartes (carte mère, carte modem, carte fille) :
Le pour et le contre.

Plusieurs éléments font en effet de ce produit un hit en puissance :

Le Clavier :
On est ici face à un vrai clavier 102 touches de type AT. Un vrai clavier mécanique. Rien ne manque. Le pavé numérique et curseur sont là. Les touches de fonctions aussi. Tout y est. De plus, le toucher est très agréable. Aucun autre portatif de l’époque ne pouvait rivaliser avec le PPC sur ce plan la. Etaient présents :
* Touches de fonctions
* Pavé numérique
* Pavé curseur
* Touches de blocage avec diode.

L’écran LCD orientable :
Mine de rien, l’orientabilité est un vrai plus. Malheureusement gommé par un écran de piètre qualité. Le contraste peut être réglé, même si cela n’apporte aucun changement fondamental… L’écran est tout simplement pourri, mais a l’avantage de ne pas être gourmand.

Vous avez tout de même la possibilité de vous connecter à un écran externe grâce à la connectique prévue à cet effet. Amstrad avait prévu le coup, et Dieu merci parce que quand je dis que l’écran est pourri, c’est un euphémisme. Il est vraiment de piètre qualité, la technologie de l’époque n’étant pas encore tout à fait au point. Il est à noter que l’on peut utiliser l’écran du PC 1512 et bénéficier ainsi de son alimentation ! Amstrad aurait il cherché à l’implanter comme deuxième ordinateur des possesseurs de PC ?

Il est minuscule (16*12 cm, c’est à dire 8″), plus petit encore que l’écran du Macintosh. On y retrouve une définition de type CGA (comme le PC1512, en 640*200). Autant vous dire que le jeu est impossible. Ce n’était de toute façon pas la cible. On pourra aller plus loin dans le raisonnement et se dire que l’absence de souris est aussi justifiée en partie par cet écran, à l’instar des autres portatifs de l’époque. Ce genre d’écran n’était en effet pas très adapté à une présentation graphique…

La connectique :

En standard on trouve une sortie série et parallèle. Le connecteur pour un moniteur externe à la norme CGA dont nous avons déjà parlé est présent ainsi qu’un connecteur pour un boîtier externe. En effet, en l’absence d’un connecteur d’extension interne, Amstrad prévoyait un boîtier externe composé d’un bloc d’alimentation, un disque dur de 20 Mo et 4 connecteurs standard d’extension à la norme IBM PC, le tout connecté eux deux connecteur spéciaux donnant accès au bus interne.

L’alimentation :

L’alimentation se fait par le classique bloc d’alimentation externe (13V, 1.9A) fourni bien entendu à l’achat tout comme le câble allume cigare, fait déjà plus rare chez les concurrents. On pouvait aussi l’alimenter via le moniteur externe du PC 1512.

Il reste une quatrième façon d’alimenter le PPC. Les piles. Oui, des piles bâtons au nombre de 10 donneront 8 heures d’utilisation. Ce chiffre avancé par Amstrad au lancement de la machine s’est transformé en 6h d’après mes tests.

Tout ceci fait des PPC 512 & 640, de bons ordinateurs portatifs. Mais plus que ses spécificités, voici les résultats du test SVM qui donnent l’Amstrad au même niveau quasiment que l’IBM PC-AT 2, c’est dire ! Ceci expliquant pourquoi le PPC a été élu meilleur portable de l’année en 1988.

Le modem :

Le modem intégré est un gros atout, surtout à l’époque. Il suffisait pour s’en servir de le connecter à une prise téléphonique. N’oublions pas à l’époque que les services télématiques (le minitel en France notamment) connaissaient un succès grandissant.

Il s’agit d’un modem complet, acceptant 4 modes de communication: V21 en 300 bauds, V22 en 1200 bauds, V22bis en 2400 bauds et V23 en 1200/75 bauds (norme du minitel).

Comme on a pu le voir, les PPC bootent sur la version 3.3 du DOS de Microsoft.

Notez que les lecteurs de disquettes sont des lecteurs 720 Ko. Si vous utilisez Windows XP vous allez donc être embêtés. Voici la procédure à suivre pour pouvoir formater vos disquettes en 720K.

Sous l’invite DOS, tapez : FORMAT A: /T:80 /N:9 et XP vous formatera votre disquette en mode 720 Ko. N’oubliez pas que si physiquement il s’agit d’une version HD de boucher le trou HD de votre disquette (à l’opposé du trou de protection d’écriture).

(c) Charles da Silva – 2003

Sources : SVM n° 45

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