Patrick Hellio est l’auteur du livre Génération Amstrad CPC sortie en Septembre 2024 aux éditions Pix’n’Love.
Bonjour Serge !
Je suis journaliste spécialisé depuis environ 25 ans. J’ai commencé dans la presse écrite (Gen 4 consoles) à la fin des années 90, j’ai ensuite longtemps œuvré dans la presse professionnelle puis j’ai collaboré à des sites Internet comme Gamekult. Aujourd’hui, je collabore régulièrement avec le magazine Jeux Video Magazine, disponible chaque mois en kiosque. Depuis 2007, je suis par ailleurs chroniqueur régulier du podcast hebdomadaire Silence On Joue, produit par libération et présenté par Erwan Cario. Chez Origami, je suis également chroniqueur dans l’émission Super Vieux Jeux avec Raphael Lucas, présentée par Sylvain Tastet, que l’on peut regarder sur Youtube. On y parle vieux jeux, vieilles machines, et on adore ça 😊.
Le projet a dû démarrer vers 2019 et le gros de l’écriture s’est déroulé dans les mois qui ont suivi.
Globalement, je me suis penché que les fondations que représente la création du CPC au sein du groupe Amstrad, sur l’aspect matériel donc et ses différentes évolutions au fil des années (extensions, modèles Plus, console…). Ensuite, j’ai cherché à définir l’impact qu’a eu cette machine autant du côté de la création de jeux, que du secteur de la presse ou encore de la communication en direction d’un public étendu. En se penchant sur différentes thématiques liées aux jeux produits sur CPC (les adaptations d’arcade, les jeux d’aventure…), il s’agissait à mes yeux de capter des tendances majeures représentatives de l’époque. Enfin, je tenais à évoquer la persistance du phénomène Amstrad via la scène de développeurs passionnés qui travaillent toujours sur des jeux CPC aujourd’hui, mais aussi les sites internet dédiés aux machines et aux jeux (comme le tien !), ou encore les youtubeurs qui évoquent les jeux et machines CPC.
La force, c’était évidemment l’intégration et la dimension tout-en-un du concept CPC, qui a permis de parler au plus grand nombre en des temps où la micro-informatique était encore anxiogène aux yeux du grand public. Le facteur prix a aussi été décisif, ainsi que le look « rassurant » de la machine, qui profite par ailleurs d’une conception robuste et résistante.
Roland Perry, Alan Sugar et les équipes ont vraiment pensé une machine « de bon sens », pratique et embarquant des composants économiques, mais qui avaient fait leurs preuves. Le Basic et la documentation livrée, très solides, ont marqué les esprits à la sortie. Côté faiblesses, on peut pointer des capacités sonores moindres que le C64 par exemple, à cause de ce haut-parleur flanqué à l’arrière du châssis faisant caisse de résonance ( !) ou l’absence de scrolling hard sur les modèles originaux. Difficile par ailleurs de ne pas évoquer la gamme Plus/GX 4000 qui aurait dû marquer un tournant pour la gamme, si elle avait été plus ambitieuse sur le plan technique. L’implantation des CPC, principalement dans quelques pays européens, lui a interdit d’avoir une audience massive à l’échelle globale, comme le C64 a pu le connaître par exemple.
La solidité des CPC m’a toujours surpris. Après, comme tout matériel informatique, ils ne sont pas éternels… mais il me semble que la conception simple et efficace de ces machines les rend assez faciles à entretenir et réparer le cas échéant (la panne de la courroie de lecteur disquettes ne compte pas, hein !). Ce qui est intéressant, c’est que l’âme de ces machines pourrait bien persister à la disparition programmée du matériel, via notamment l’émulation.
Si notre génération regarde ces machines avec nostalgie en tant qu’utilisateurs de l’époque, les futures générations pourraient continuer à se pencher sur l’histoire des CPC, mais aussi et surtout les nombreux logiciels qui sont nés dessus. Tout cela fait partie de l’histoire de la micro et du jeu vidéo, par extension, en particulier en France et en Espagne, et j’ai espoir que le CPC sera toujours évoqué, analysé, voire joué dans plusieurs décennies !
Un ouvrage comme le mien, ou ton site Internet, sont aussi pensés dans cette optique, de porter la mémoire des machines, logiciels et personnes qui ont participé à cette aventure pas comme les autres…
Difficile de résister au raz de marée PC, vers le début des années 90 quand les prix ont baissé fortement et que ces machines, aussi performantes dans le milieu professionnel que désormais dans le jeu vidéo, se sont massivement démocratisées… Avec un secteur de la console 8 ou 16 bits qui s’envole également alors, il ne reste plus beaucoup de place aux illustres vétérans Sinclair, Amstrad and co.
La sortie des Amstrad Plus n’a pas vraiment convaincu, sans doute arrivée trop tard. Quel est ton regard sur ses modèles ? Une machine avec un lecteur de K7 en 1991 avec moniteur monochrome était suicidaire non ?
Oui, mais l’attention du constructeur était alors portée vers le milieu professionnel sur lesquels il poussait les PCW et surtout ensuite les compatibles PC. Je pense qu’un 16/32 bits Amstrad avec écran intégré et lecteur 3,5 pouces, ça aurait pu faire son effet ! Encore une fois, pour concevoir un lancement de console « next gen » à l’époque, je pense qu’une assise au niveau mondial était indispensable pour toucher l’Europe, mais aussi les Etats-Unis, voire l’Asie et atteindre une taille critique capable d’attirer les éditeurs tiers majeurs et de pouvoir inquiéter Nintendo ou Sega.
Amstrad n’en était pas là.
À peu près tout cela !
Trop chère, pas assez puissante, presque « has-been » dès sa sortie, la console était condamnée d’entrée, Amstrad capitalisant sur un nom qu’il pensait capable d’avoir un écho sur le secteur console. En dehors de ces problématiques, le manque de jeux probants au lancement souligne aussi combien les machines des deux géants japonais profitaient avant tout des jeux et savoir-faire maison en game design (Super Mario Bros, Sonic…), ce qui manquait totalement à une firme comme Amstrad, venue de la micro.
Le Pacte d’Eric Chahi, Sram 1 et 2 côté aventure, Sorcery ou les Cauldron côté action/aventure, Bomb Jack, Gryzor ou Ghosts’n Goblins côté portages arcade, des grands classiques comme Boulder Dash ou Crafton & Xunk…
Les adaptations insensées type Defender of the Crown ou Manoir de Mortevieille… Les OVNIS comme les jeux Cobrasoft, Eden Blues… Une bombe comme Target Renegade sur lequel j’ai passé des heures, un plaisir coupable type Turbo Esprit ou Airwolf 2… Plein !
La programmation des jeux était pour la plupart très amateur. Il fallait du volume ce qui a influencé sur la qualité. Quand on voit les productions qui sont sorties par la suite comme Orion Prime, on peut se dire qu’il y a du gâchis. Le CPC en avait sous le capot non ?
Mais cela reste fascinant de voir ce que ces machines, y compris les Plus/GX dont on se moquait à l’époque, pouvaient potentiellement produire des merveilles.
Au milieu des années 90, quand le prix des composants PC ont globalement chuté, la concurrence en machines peu chères dites « compatibles PC » a explosé.
Tu as sans doute remarqué que la communauté CPC existe encore et qu’il sort toujours de nouveaux programmes, mais aussi du matériel. Tu nous prends pour des fous ?
Je suis au contraire totalement fasciné par cette scène qui continue à faire vivre une machine commercialement disparue depuis plus de 30 ans. Une belle histoire, à l’heure de l’obsolescence programmée et du zapping perpétuel côté matériel. Et puis il y a toujours des histoires personnelles, souvent touchantes, avec des machines qui représentent généralement bien plus que des assemblages de plastiques et d’électroniques à nos yeux…
Là, je prépare la prochaine émission de Super Vieux Jeux pour Origami (rendez-vous sur la chaîne Youtube d’Origami) et toujours le podcast Silence On Joue de la prochaine semaine (avec une actualité bien chargée en cette fin d’année !). Des articles en cours pour Jeux Video Magazine aussi, qu’on trouve en kiosques.
Côté livres, j’ai récemment signé SOS Fantômes : L’Esprit des Années 80 chez Third Editions, qui analyse l’évolution de cette franchise que j’adore !
Longue vie au CPC !
Le livre est disponible sur le site Pix’n’Love :
Génération Amstrad CPC (49.90€)
- 536 pages
- Format A4
- Couverture cartonnée
EDITION COLLECTOR (59.90€)
Cette édition limitée et numérotée comprend :
- Le livre Génération Amstrad CPC avec couverture cartonnée.
- Un fourreau cartonné.
- Deux lithographies reprenant des illustrations exclusives du célèbre “Croco” Amstrad.
- Un certificat d’authenticité numéroté.
- Un poster inédit en format A3.
https://www.editionspixnlove.com/smartblog/127_generation-amstrad-cpc.html
Une bien belle et précieuse interview
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