Les récents et difficiles évènements de ma vie m’ont replongé dans mon passé, probablement dans le but de retrouver un bonheur qu’il me semble avoir perdu, comme une sorte de bouée de secours pour apaiser le cœur. J’ai donc profité de cette nostalgie naissante pour recomposer mes parcours informatique et musical. Je me suis alors rendu compte que si l’Amiga m’avait permis de faire énormément de choses (surtout au niveau musical), mon histoire sur AMSTRAD CPC a été la plus passionnante parce que cette machine ne bénéficiait pas d’une interface graphique à fenêtres comme cela est le cas sur la quasi totalité des systèmes de maintenant, Amiga compris. Par conséquent, lorsque le CPC était allumé, l’utilisateur faisait face à une seule et unique chose : un curseur !
Une sorte de MSDOS géant jaune sur fond bleu ! Le chemin de l’utilisateur était tracé, la machine attendait simplement une commande. Difficile de faire plus simple, et ce fut le propre de tous les BASIC des machines d’antan, simplement celui intégré dans le CPC était terriblement performant et aujourd’hui encore reconnu comme un des meilleurs. On ne pouvait donc pas être perdu : clavier et écrans étaient accouplés, il n’y avait qu’une seule voie accessible instantanément après l’allumage, pas plus grosse que 8 x 8 pixels. La puissance cachée par la simplicité (on y revient). Ça c’est une première chose.
Mais surtout, et cet aspect-là échappe à ceux qui ne raisonnent qu’en termes de puissance technologique : le DIY ! Le Do It Yourself, en français le Faites-le Vous-même !. Un enfant qui a fait son propre gâteau, avec toutes les imperfections qu’il peut contenir, le trouvera toujours meilleur que le gâteau de maman. Pourquoi ? Parce que c’est LUI qui l’a fait. Un mécano préfèrera rouler avec sa voiture tunée même s’il en possède une autre flambant neuf dans le garage. Pourquoi ? Parce que c’est LUI qui l’a faite.
Si le CPC a vécu une telle passion en Europe, c’est parce que, parallèlement aux logiciels tout faits également disponibles, il avait la possibilité de créer IMMEDIATEMENT ses propres applications. Formule simple : SIMPLICITE + RAPIDITE DU RESULTAT = I LOVE ! Le besoin humain de créer, de faire quelque chose de ses mains et de profiter rapidement du fruit de son propre travail a été la vraie clé de la réussite de l’AMSTRAD CPC. Le MÊME rapport homme-machine appliqué à une machine techniquement actualisée et c’est le succès assuré, parce que l’être humain ne change pas, seuls ses outils évoluent.
Un projet de ‘résurrection’ du CPC (on l’appellera NEW CPC) murit tranquillement dans ma tête depuis déjà quelques temps, soigneusement entretenu par la ferveur encore bien présente sur le web dans l’amour dévolu à cette machine. Je n’ai donc aucune crainte quant à son succès et c’est plutôt son cahier des charges qui est actuellement en cours de rédaction et prend du temps. Un site web sera prochainement mis en ligne et tiendra compte de l’évolution du projet. Je ne vais pas reproduire ici toutes les particularités du projet, mais en voici les grandes lignes :
– Un utilisateur qui allume le NEW CPC ne sera pas dépaysé et se retrouvera dans la même situation que devant un CPC : interface sobre et immédiatement utilisable. Il est évident que l’interface sera grandement améliorée et hautement fonctionnelles mais en aucun cas n’utilisera le principe du bureau avec fenêtres, corbeille et encore moins menu démarrer.
– Mode de rétro-compatibilité complète avec le CPC 6128.
– BASIC complet à même de traiter en un minimum d’instructions toutes les opérations susceptibles d’intervenir dans les domaines du traitement de chaines de caractères, de la vidéo, de la 2D fixe ou animée (sprites), de la 3D, du calcul mathématique et scientifique, de la communication avec le matériel.
– L’éditeur de code sera particulièrement développé, s’auto-corrigera et autorisera toutes les manipulations au clavier ou à la souris
– Possibilité d’intégrer de l’assembleur n’importe où dans le code
– Aide syntaxique intégrée permanente ne nécessitant pas l’utilisation d’un manuel papier (qui existera en version numérique)
– Interfaçage matériel complet : ports USB 3.0, ports carte mémoire, ports MIDI, réseau RJ45, lecteur/graveur DVD, sortie HDMI
– ROMS interchangeables
– Processeur sonore évolué
– Résolution Full HD en 16M de couleurs avec multi-fenêtrage en différentes résolutions
– L’interface graphique ne ressemblera à aucune autre et pourra s’utiliser au clavier ou à la souris.
– Il sera possible de basculer facilement entre plusieurs programmes BASIC présents simultanément en mémoire.
– Utilisation de l’Open Source et de l’Open Hardware autant que faire se peut.
Ce très rapide cahier des charges, grossièrement élagué pour ne pas surcharger l’interview, peut faire peur et donner l’impression d’une machine inabordable avec des composants de dernière génération.
IL N’EN EST RIEN :
l’essentiel du travail sera purement logiciel, qu’on a tendance à oublier. Il faut savoir que les systèmes d’exploitation modernes sont parfois poussifs malgré les Ghz sous le capot parce qu’ils ne sont absolument pas optimisés, partant du principe de fainéant que la vitesse compensera la lourdeur, quand ce ne sont pas des pans entiers de code d’une version antérieure qui parasitent le code et occupent inutilement une partie de la mémoire.
Qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui on est capable de modéliser en 3D des vagues sur un océan ? Ce n’est primitivement pas le matériel mais les algorithmes logiciels, toujours plus affinés, avec notamment l’exploitation des transformées de Fourier. La puissance brute permet un rendu en temps réel de cette modélisation mais elle n’en est pas la source. Ce principe appliqué à tous les domaines de traitement permet de prendre conscience que c’est une bonne programmation du BASIC qui en fera une bonne machine, pas les Ghz ! Les techniques 3D purement software, avec beaucoup d’astuce, permettent d’obtenir des rendus fabuleux en un minimum de temps CPU sans carte vidéo additionnelle.
Les composants électroniques n’auront pas besoin d’être puisés parmi les plus récents du marché, il en existe quantité à la fiabilité éprouvée qui ne demandent qu’à retrouver leur jeunesse. Il faut garder à l’esprit que même sur les ordinateurs récents, peu sont ceux qui les utilisent à pleine puissance de façon continuelle, la puissance est régulièrement gaspillée eu égard à leur utilisation. N’utiliser que ce qui est nécessaire permet d’obtenir un BASIC interprété ultra-rapide qui n’est pas dérangé par un chapelet de processus chronophages.
Et surtout un dernier point concernant ce projet, et pas des moindres : lorsque le site web sera mis en ligne, il sera fait appel aux compétences de chacun en matière d’électronique, de développement, et bien entendu de design. L’objectif sera de former une équipe qui n’aura pas peur de tester tous ses délires créatifs pour mettre au point une machine d’exception particulièrement complète et rapide.
Le FUN, le FUN, le FUN : on ne se met pas de limites, elles viendront d’elles-mêmes et s’imposeront sans que nous ayons à les solliciter. Pas de délai, pas de pression, on avance au rythme de chacun avec un seul mot d’ordre : PRENDRE DU PLAISIR dans la conception de ce NEWS CPC, développer la bonne humeur et surtout je le souligne : QUE TOUS LES DEVELOPPEURS SOIENT SUFFISAMMENT DINGUES POUR PROPOSER DES IDEES IMPOSSIBLES, il n’y a que comme ça qu’on pourra les rendre POSSIBLES !
Allez je suis gentil, je vous donne le nom dont j’ai baptisé cette bête qui sortira de cerveaux de frenchies. Alan Sugar avait choisi la simplicité avec Colour Personnal Computer, abrégé CPC. Alors réitérons cette simplicité : comme il s’agit d’un Ordinateur Personnel Couleur premier de sa génération, appelons-le tout simplement OPC ONE !