La plume du Phenix : #5 Click and Collect (ou pas)

Le temps qui passe déforme les événements, les efface : on parle de souvenir qui remonte à plus de 35 ans…

Si ces petites chroniques ne restent pas dans l’histoire, elles auront au moins réussi à faire ressurgir de ma mémoire le déroulement d’une époque révolue. Jusqu’à récemment, j’étais convaincu d’avoir reçu mon CPC 464 en décembre 1984. Vérité qui me semble aujourd’hui erronée.

Par contre, je suis presque certain d’avoir poussé la porte de la boutique « Radio Télé Disque » à cette date. Un bonjour au vendeur. Un peu d’attente utilisée pour tourner autour d’une machine en exposition, car il y avait déjà du monde à l’intérieur.

Le moment était solennel, mes parents avaient décidé de m’aider à acheter le micro-ordinateur de mes rêves.

– Bonjour monsieur, nous venons acheter un 464 pour notre fils

– Ah oui très bien. Une belle machine je vous l’assure, ça part comme des petits pains !! Par contre, je n’en ai plus en stock.

Dans ma tête cette phrase fait mouche, dans le mile. Mon sourire un peu idiot se transforme et grimasse, je me décompose… Eh, y’a plein de carton Amstrad juste derrière toi !!!

– Je peux vous en commander un, par contre j’ai déjà une dizaine de personnes en attente.

Décidément, la vie est trop injuste…

– Bon, si vous pouvez nous commander un CPC 464 avec un moniteur vert.

C’est pas vert maman, on dit monochrome !!!

Le vendeur sort de son tiroir un cahier, prend les différentes informations nécessaires et bien sur notre numéro de téléphone.

– Vous souhaitez qu’on vous fasse une avance ?

– Non, c’est pas utile je vous fais confiance. Et de toute façon il y a tellement de gens qui m’en demandent… Je vous appelle dès que je reçois votre ordinateur.

Merci, au revoir !

 

 

Je remonte tout penaud à l’arrière de la voiture familial, retour à la maison les mains vides.

Mon papaEn attendant le précieux coup de téléphone, ma chambre change de visage. Mon papa était le roi du bricolage, un touche à tout, le génie du tournevis. Je me souviens de l’opération à cœur ouvert de la Citroën GS moteur au sol et soupapes à l’air.

Il pouvait transformer de vieilles planches en meuble de cuisine. Par contre il avait la fâcheuse manie de proférer des jurons et des noms d’oiseaux quand il travaillait. Don qu’il m’a transmis au grand regret de ma femme.

Quelques lames de parquet et voilà mon bureau en vrai bois d’arbres. Esthétiquement c’était pas du Louis XVI, il était rustique, mais solide et fonctionnel.