-Janvier 2007- (source : Amstradeus)

Interview de M. Mel Croucher Ghandi 🙂

 

– Tout d’abord, pouvez vous vous présenter et nous dire ce que vous faite actuellement ?
Hello. Ici Mel Croucher, le Gandhi des pauvres.

– Quel était votre premier ordinateur ?
Il n’avait pas de nom. C’était juste “l’ordinateur”… C’était le seul dans ma ville et il laissait un imbécile de 17 ans jouer avec. Non, ce n’est pas vrai. Il y avait 2 ordinateurs à l’époque. L’autre était à Portsmouth Royal ockyard et il l’utilisait pour calculer comment tuer des gens.

Ma machine prenait tout l’étage supérieur d’un bâtiment. Le système de refroidissement était à lui seul de la taille de neuf vaches. Vous pouviez vous ballader à l’intérieur et voir les tubes en verres essayer de penser.

– Je sais que vous étiez un fan de Sinclair, mais quand le CPC a été commercialisé qu’en avez vous pensé ? Et qu’en pensez vous aujourd’hui ?
C’était le future. Sans âme, sans orginalité et produit pour une seule fin commerciale. Il représentait la fin de l’amateurisme et du fun. Prenez garde aux hommes qui nomment leur produits de leur propres initiales.

– Que pensez vous de ces deux ordinateurs (ZX et CPC) ? Pas besoin d’être politiquement correct 😉
J’ai fini par être plus producteur que programmeur, donc je me suis un peu égaré. Le dernier coding que j’ai effectué était Barbarian CPC, quand le programmeur est tombé malade et a dû aller à l’hôpital. J’ai dû finir le jeu.

– Possédez vous toujours un ordinausore ?
Non. J’ai donné mon vieil ordinateur à une école pour des enfants en difficultés, il y a plusieurs années. Je crois qu’ils l’ont détruit avec créativité. J’ai toutefois une collection d’autres machines… des phonographes, machines à écrire, téléphones … la règle est qu’elles doivent être d’avant 1899 et toujours fonctionner.

– Qu’est ce qui vous a inspiré et pourquoi vous êtes vous mis à programmer ?
Il y avait une maître-assistante qui avait une veste blanche de scientifique, des lunettes de philosophe et un rouge à lèvre de vieille putain. La seule façon pour moi de pouvoir m’en approcher était de me joindre à ses cours d’informatique.

– Quel était votre premier programme ?
J’ai appris l’ordinateur à jouer une berceuse : « Twinkle, Twinkle, Little Star ».

– Comment fut sa conception ?
Pas dans un tube à essai, plutôt dans une pinte de bière.

– Quelles ont été les difficultés rencontrées ?
Les érections.

– Quels langages de programmation avez vous utilisé ? Utilisiez vous des outils particuliers ?
ALGOL, qui a été développé au milieu des années 50 et qui a donné plus tard naissances à des langages comme le Pascal. Le seul outil était une perforeuse en métal. Les programmes étaient stockés sur des cartes à trous, cela avant l’accès au stockage magnétique.

– Un souvenir sympa de l’époque ?
Vous rigolez ? C’était en 1966. Il y avait tellement de sexe, drogues et rock’n’roll que tout était marrant à l’époque.

 

– Etes vous toujours en contact avec les acteurs de ce secteur à l’époque ?
Je crois qu’ils sont tous morts excepté quatre. Robin Evans travaille toujours avec moi, il fait mes pochettes, publicités et dessins depuis 1979. Et je travaille toujours avec Andy Stagg qui a réalisé la programmation de mon programme préféré en 1983 – Deus Ex Machina.

Je vois toujours Christian Penfold une fois par an, qui a programmé mon premier jeu pour le ZX81, avec qui je rigole pour son anniversaire. Et je suis en contact avec Colin Jones, qui a programmé mes derniers jeux, donc c’est à lui qu’il faut s’en prendre.

 

– Comment était le boulot chez Hewson?
Franchement, je ne me souviens pas avoir travaillé avec Andy Hewson à part discuter pour savoir qui de nous deux à créé la première société de jeux en Angleterre. (Moi, bien sûr.)

– Que pensez vous de la domination des PC aujourd’hui?
Pas grand chose. J’écris mes états d’âmes dans Computer Shopper une fois par mois, et ce depuis 20 ans. C’est ma thérapie.

– Que pensez vous de toute cette folie autour des vieux ordinateurs ? En étiez vous conscient ?
Non, je ne savais pas. La folie autour des machines est malsaine. La folie pour les femmes en veste blanche et rouge à lèvre, c’est ça la vérité.

– Un petit mot pour nos lecteurs ?
« Petite » (en français dans le texte)

– Merci pour votre temps et tout ce que vous avez fait. Ce fut un réel honneur de vous interviewer et j’adore votre sens de l’humour 🙂
J’espère que ça vous ira Charles. Tous mes vœux…

Interview réalisée en Janvier 2007. Merci à Mel Croucher pour son temps et son aide.

(c) Charles da Silva – 2007