Les Masques du Carnaval.
Novembre 2019 (Source : Amstrad.eu)

Stéphane est passionné de jeux d’aventures comme La Secte Noire, Omeyad, SRAM 2 …

Il a réalisé en 1995 « Les Masques du Carnaval », un jeu d’aventure textuel en Basic.

On a profité de son passage sur le forum pour lui poser quelques questions. Il nous fait le plaisir de participer à cette petite interview pour Amstrad.eu.

Le jeu Les Masques du Carnaval est disponible sur CPC-power

 

Bonjour Stéphane. Peux-tu te présenter rapidement ?
Donc, je m’appelle Stéphane, j’ai 39 ans et je vis en Lorraine.

Depuis une petite dizaine d’années je fréquente le site http://www.fiction-interactive.fr (et son forum http://ifiction.free.fr/taverne/) qui essaie de promouvoir en France ce qu’on appelle la « fiction interactive ». Terme très vaste mais qui ici désigne les jeux vidéo partiellement ou entièrement textuels comme il en a existé beaucoup dans les années 80 sur de nombreux micro-ordinateur.

Et évidement sur CPC : tout le monde connaît les jeux comme La Secte Noire, SRAM, Omeyad, L’Île, etc. C’est par eux que j’ai découvert cette univers et que j’y ai pris goût.

Mes premiers pas se font sur CPC vers 88-89 chez plusieurs amis qui en possédaient un. On jouait à des jeux comme Kung-Fu Master ou Gryzor. Je trouvais ça beau mais il était clair pour moi dès le début que je n’étais pas fait pour les jeux d’arcade.

C’est lorsque j’ai eu le mien que j’ai découvert les jeux Lankhor. Le Manoir de Mortevielle reste mon premier vrai coup de cœur vidéoludique. SRAM 2, Omeyad ou Le Maraudeur avaient de très beaux graphismes en plus d’une interface textuelle. Il y avait également des jeux 100 % textuels comme The Hobbit auquel je ne comprenais pas grand-chose mais qui m’attirait et m’intriguait.

Je suis resté fidèle au CPC toute mon adolescence (les consoles ne m’ont jamais vraiment attiré) pour jouer ou faire de la musique (du moins l’intégrer à d’autres instruments pour des compositions electro) jusqu’à ce que je passe au PC en 1999, tardivement donc…

Et là j’ai immédiatement continué à jouer aux jeux Amstrad, sur émulateur cette fois, en découvrant des pelletées de jeux auxquels je n’avais pas accès. Mon CPC fonctionne toujours mais pour des raisons de place, je ne l’utilise plus au quotidien.

– Tu as eu un CPC en 90/91, un CPC old ou un Amstrad Plus ?
 C’était un CPC 6128 avec moniteur couleur. Je ne sais pas pourquoi mais quand j’ai vu pour la première fois les Amstrad Plus, je n’ai pas du tout aimé son design, et l’intérêt des cartouches m’a complètement échappé.

Plus tard un ami m’a aussi prêté, pendant longtemps, un 464 avec lecteur de disquettes externe. Je l’ai beaucoup utilisé, alors que ça ne présentait pas d’intérêt supplémentaire par rapport à mon 6128. Mais juste pour le plaisir, même à l’époque (vers 96-97 je dirais), d’utiliser du matériel déjà un peu vieux, un peu dépassé. J’ai toujours eu une sympathie pour ce côté désuet et fragile des vieilles machines.

– Tu te rappelles de son arrivée dans ta famille ?
Oui, je suis allé l’acheter avec mon père dans un magasin Connexion (toute une époque !) où toute une gamme de micros étaient exposés. Un peu plus tard il a obtenu d’une collègue toute une collection de disquettes contenant des jeux piratés, plusieurs dizaines de jeux !

Évidemment il n’aurait pas pu me les offrir neufs, d’un coup comme ça. Il avait imprimé quelques pages de descriptifs pour chaque jeu. Je crois que j’ai encore ça quelque part.

– Tu avais déjà eu un micro ordinateur ?
Non, mais j’avais déjà pas mal joué sur les CPC de mes amis, et je fréquentais également un club d’informatique avec un voisin, où nous apprenions à programmer sur Thomson (TO7 ou MO5 je ne sais plus). Je dois dire que je n’y comprenais absolument rien. C’est un goût qui m’est venu plus tard.

(Source image : Mo5.com)

– Tu as programmé ton jeu en 1995, donc sur le tard. Pourquoi créer un jeu à ce moment ?
Très sincèrement, je ne m’en souviens pas. C’est un ami qui m’a fourni le modèle de code qui m’a servi pour Les Masques du Carnaval. Nous échangions souvent des disquettes de jeux, auxquelles nous ajoutions des fichiers contenant des dessins que nous avions faits sur OCP, ou des injures dans un fichier en Basic, ou tout et n’importe quoi.

En l’occurrence, le simple fait qu’il m’ait fourni de quoi créer mon propre jeu a du suffire à me motiver. J’ai toujours aimé dessiner, écrire, faire du jeu de rôle, de la musique, etc. Donc c’était naturel pour moi d’essayer un nouveau mode d’expression.

C’est mon principal hobby aujourd’hui, les jeux textuels.

– Comment t’es venu l’idée du scénario ? Tu t’es inspiré de chose existante : film, livre, … ?
Parler de scénario est très généreux de ta part.

En retrouvant le code du jeu il y a quelques mois, je me suis surtout demandé :

« Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? ».

Globalement le « scénario » tient en une phrase. Le jeu comprend 5 pièces et quelques objets. Dans le programme initial on pouvait descendre à la cave mais j’ai supprimé cette possibilité car je n’avais prévu aucun rôle pour cette pièce dans le jeu à l’époque, et je ne voulais pas ajouter de nouvelles idées en 2019.

Ce serait donc très présomptueux de prétendre que je marche sur les pas de tel auteur ou réalisateur…

– Pourquoi le jeu est axé autour des masques ?
La présence de masques vient du fait que j’ai toujours aimé les ambiances de carnaval ou de comedia de l’arte. L’aspect étrange, à la fois festif et un peu effrayant de la chose.

Disons aussi que j’étais un fan de Stephen King à l’époque, et le côté sordide et sanglant du jeu vient sans doute en partie de là. D’ailleurs le personnage du clown dans la ruelle, à la fin (je spoile mais tant pis) vient, lui, très probablement de la couverture de « Ça ».

Maintenant je serais incapable de t’expliquer pourquoi on se réveille dans une maison avec des masques, des cadavres, et des espèces de spectres déguisés en clown ou en saltimbanque. Peut-être qu’à l’époque j’avais conscience de faire n’importe quoi mais j’essayais sans doute simplement de m’entraîner à écrire et coder, pour un projet plus sérieux ensuite 🙂

Tu es l’auteur de l’image d’introduction ? Elle représente quoi ?
Non, l’image n’est pas de mon fait, elle a été créée récemment par Astrofra, qui a notamment bossé avec Éric Safar sur Athanor 2. Je lui ai parlé de ce jeu, bien avant d’avoir fini de corriger le code, car nous fréquentons tous deux le petit milieu autour du site fiction-interactive et il m’a proposé cette image, que j’ai acceptée.

Elle représente… un masque, a priori !

Peux-tu faire une présentation du jeu et nous parler de l’histoire et du but à atteindre ?
On se réveille dans une chambre inconnue d’une maison inconnue, on y découvre des scènes sanglantes, et on doit trouver un moyen de s’en échapper.

– Tu as aussi fait une version en Anglais ?
Oui, j’ai fait la traduction en quelques heures, vu le peu de texte que contient le programme, ça ne valait pas le coup de se priver d’une version anglaise qui apporterait quelques joueurs supplémentaires.

– As-tu diffusé ton jeu ?
J’ai créé une page pour le jeu, sur itch.io, où sont proposés mes autres jeux textuels réalisés avec Inform 7 et Texture, je bosse aussi sur Twine. CPC Rulez et CPC Power l’ont également ajouté à leur base de données, ce qui est un très grand honneur pour moi, qui fréquente ces sites comme joueur depuis des années.

– Tu m’as dit que le CPC avait participé à tes créations en musique electro ?
Mon utilisation du CPC a été très courte et très limitée, mais amusante. Ça remonte à une vingtaine d’années aussi. Je me suis contenté d’un programme en Basic (trouvé dans le manuel d’utilisation de la machine) pour programmer des bruits et des boucles sonores, en modifiant les paramètres à vrai dire totalement au hasard. Ça m’a un peu servi de boîte à rythme minimaliste pour des morceaux électroniques. Ça s’écoute là : https://fervex.bandcamp.com/album/machines

– Question récurrente ici, tu as le dernier mot pour nos amis du site amstrad.eu ? 😉
Merci et bravo à tous ceux qui s’engagent pour faire vivre encore le patrimoine de l’Amstrad CPC. Cela fait des années que je suis un utilisateur du site pour y trouver les jeux auxquels je jouais enfant, et faire de nouvelles découvertes.

Pourvu que ça dure !

– Merci Stéphane pour cet entretien, ce fut un plaisir pour moi;).