3615 MY LIFE N°12

MSX vs CPC

Cédric, que nous abrévirons par Mr. C, et ce plus par caprice personnel que par commodité de lecture, est un copain de lycée qui m’avait invité chez lui en 1991 afin de me présenter sa machine 8bits répondant au doux nom de Msx Canon V20.

Pour ce faire, il nous fallu mon père et moi slalomer à travers moult chemins à l’époque médiocrement entretenus des zones d’ habitat situées à toute proximité des carrières du boulonnais, à tel point que Buggy Boy ou autres Enduro Racer
seraient une promenade de santé en comparaison. Pour en revenir à Mr. C, ce dernier avait fait l’acquisition d’un lot de jeux auprès d’ un autre Cédric de la classe afin d’étoffer sa ludothèque passablement triste aussi bien en qualité qu’en quantité.

D’emblée Salamander (dont il m’avait narré ses tribulations pendant plusieurs jours) emporte mon adhésion et l’espace d’un (long) moment je le jalouse de posséder pareille merveille, laquelle relègue à priori la plupart de mes shoot’em’up au rang d’antiquités vieillissantes. Passée la première gifle, un certain nombre d’éléments attirent mon attention immédiatement, d’autres en revanche m’apparaîtront comme évidents quelques années plus tard. En premier lieu, le bon et large téléviseur familial, allié à la sortie péritel du V20, restituent impeccablement les données des circuits vidéo et audio.

En second lieu, ce jeu représente pour l’époque ce qui peut se faire de mieux, il n’est donc pas étonnant qu’une production de ce type ait eu tendance à quelque peu dévaloriser un temps soit peu certains softs sur Cpc. Par ailleurs, la palette chatoyante utilisée a eu la fâcheuse tendance à occulter le fait que le jeu saccade, et pas qu’un peu. Si la gamme Msx 1 bénéficie de sprites hard, le scroll quant à lui reste soft.

Il faut d’ailleurs composer avec cette faiblesse tout au long des niveaux, ce qui rend l’entreprise plutôt corsée. Le son qui m’avait ébloui et, à nouveau, m’avait fait railler notre Yamaha que je surnomme à titre personnel « la caisse claire », est généré par une puce sonore dédiée intégrée à la cartouche.

Les jeux K7 tels que Time Pilot et quelques autres dont j’ai oublié les titres ne brillent pas par leur originalité et sont juste corrects.

Le Cpc a bénéficié de l’intérêt d’un nombre incalculable de développeurs, et en cela aidés par les capacités de la machine, ces derniers ont imprimé leur « patte » et ainsi crée presque autant d’univers qu’il y a de productions sur cette machine.

Sur Msx, l’éditeur dominant fût Konami et quelques autres, mais si c’est déjà beaucoup pour produire des softs, c’est peu, trop peu en tous cas pour combler les attentes du rêveur que je suis. Une des explications, outre le fait que les Japonais n’aient pas soutenu les distributeurs Européens, tient du fait de la facilité de programmation et on s’en rend bien compte lorsque l’on met cote à cote le Basic Locomotive et le Basic Microsoft.

Il y a plusieurs années j’avais d’ailleurs acheté un Yashica et m’étais essayé à la programmation, parce que j’ai ce goût de la comparaison et que je ne suis pas sectaire à outrance. Cette initiative fut malheureusement et quasi immédiatement tuée dans l’œuf à la « lecture » du manuel de l’utilisateur. Ce dernier se présente sous la forme d’un pavé infâme presque dénué de toute exemple, traduit en français sans grande conviction, que NOTRE manuel, abondamment illustré et merveilleusement transcrit, enterre six pieds sous terre. Dans ces conditions, difficile de susciter chez tout ado boutonneux l’envie de laisser libre court à sa créativité.

Le but de ce 3615 n’était pas de descendre la gamme Msx, loin de là, mais de mettre en lumière le fait que lorsqu’on l’on s’aventure en dehors des sentiers du Cpc, tout paraît immédiatement – à MES yeux – beaucoup plus fade. Si tout comme moi à la naissance vous avez été dépourvus de l’option « sectariste », allez faire un tour au Msx village, une sympathique bourgade qui entretient avec amour la flamme de leur standard tout autant que ne le font nos amis Thomsonistes.

Voici donc en substance ce que m’a inspiré cet achat en braderie et ce Mercredi en dehors de la sphère Cpc chez Mr. C.

The Maze of Galious, Nemesis 1 et 2 m’offrent quant à eux tous des moments forts agréables comparables à Salamander, mais il s’agit là du haut du panier.

Roberto Carangelo