Stéphane est passionné de jeux d’aventures comme La Secte Noire, Omeyad, SRAM 2 … Il a réalisé en 1995 “Les Masques du Carnaval”, un jeu d’aventure textuel en Basic.
On a profité de son passage sur le forum pour lui poser quelques questions. Il nous fait le plaisir de participer à cette petite interview pour Amstrad.eu.
Donc, je m’appelle Stéphane, j’ai 39 ans et je vis en Lorraine.
Depuis une petite dizaine d’années, je fréquente le site http://www.fiction-interactive.fr (et son forum http://ifiction.free.fr/taverne/) qui essaie de promouvoir en France ce qu’on appelle la « fiction interactive ». Terme très vaste, mais qui ici désigne les jeux vidéo partiellement ou entièrement textuels comme il en a existé beaucoup dans les années 80 sur de nombreux micro-ordinateurs.
Et évidement sur CPC : tout le monde connaît les jeux comme La Secte Noire, SRAM, Omeyad, L’Île, etc. C’est par eux que j’ai découvert cet univers et que j’y ai pris goût.
Mes premiers pas se font sur CPC vers 88-89 chez plusieurs amis qui en possédaient un. On jouait à des jeux comme Kung-Fu Master ou Gryzor. Je trouvais ça beau, mais il était clair pour moi dès le début que je n’étais pas fait pour les jeux d’arcade.
C’est lorsque j’ai eu le mien que j’ai découvert les jeux Lankhor. Le Manoir de Mortevielle reste mon premier vrai coup de cœur vidéoludique. SRAM 2, Omeyad ou Le Maraudeur avaient de très beaux graphismes en plus d’une interface textuelle. Il y avait également des jeux 100 % textuels comme The Hobbit auquel je ne comprenais pas grand-chose, mais qui m’attirait et m’intriguait.
Je suis resté fidèle au CPC toute mon adolescence (les consoles ne m’ont jamais vraiment attiré) pour jouer ou faire de la musique (du moins l’intégrer à d’autres instruments pour des compositions électro) jusqu’à ce que je passe au PC en 1999, tardivement donc…
Et là, j’ai immédiatement continué à jouer aux jeux Amstrad, sur émulateur cette fois, en découvrant des pelletées de jeux auxquels je n’avais pas accès. Mon CPC fonctionne toujours, mais pour des raisons de place, je ne l’utilise plus au quotidien.
C’était un CPC 6128 avec moniteur couleur. Je ne sais pas pourquoi, mais quand j’ai vu pour la première fois les Amstrad Plus, je n’ai pas du tout aimé son design, et l’intérêt des cartouches m’a complètement échappé.
Plus tard, un ami m’a aussi prêté, pendant longtemps, un 464 avec lecteur de disquettes externe. Je l’ai beaucoup utilisé, alors que ça ne présentait pas d’intérêt supplémentaire par rapport à mon 6128. Mais juste pour le plaisir, même à l’époque (vers 96-97 je dirais), d’utiliser du matériel déjà un peu vieux, un peu dépassé. J’ai toujours eu une sympathie pour ce côté désuet et fragile des vieilles machines.
Oui, je suis allé l’acheter avec mon père dans un magasin Connexion (toute une époque !) où toute une gamme de micros étaient exposées. Un peu plus tard, il a obtenu d’une collègue toute une collection de disquettes contenant des jeux piratés, plusieurs dizaines de jeux !
Évidemment, il n’aurait pas pu me les offrir neufs, d’un coup comme ça. Il avait imprimé quelques pages de descriptifs pour chaque jeu. Je crois que j’ai encore ça quelque part.
Non, mais j’avais déjà pas mal joué sur les CPC de mes amis, et je fréquentais également un club d’informatique avec un voisin, où nous apprenions à programmer sur Thomson (TO7 ou MO5, je ne sais plus). Je dois dire que je n’y comprenais absolument rien. C’est un goût qui m’est venu plus tard.
Très sincèrement, je ne m’en souviens pas. C’est un ami qui m’a fourni le modèle de code qui m’a servi pour Les Masques du Carnaval. Nous échangions souvent des disquettes de jeux, auxquelles nous ajoutions des fichiers contenant des dessins que nous avions faits sur OCP, ou des injures dans un fichier en Basic, ou tout et n’importe quoi.
En l’occurrence, le simple fait qu’il m’ait fourni de quoi créer mon propre jeu a dû suffire à me motiver. J’ai toujours aimé dessiner, écrire, faire du jeu de rôle, de la musique, etc. Donc c’était naturel pour moi d’essayer un nouveau mode d’expression.
C’est mon principal hobby aujourd’hui, les jeux textuels.
Parler de scénario est très généreux de ta part. En retrouvant le code du jeu il y a quelques mois, je me suis surtout demandé :
« Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? ».
Globalement le « scénario » tient en une phrase. Le jeu comprend cinq pièces et quelques objets. Dans le programme initial, on pouvait descendre à la cave, mais j’ai supprimé cette possibilité, car je n’avais prévu aucun rôle pour cette pièce dans le jeu à l’époque, et je ne voulais pas ajouter de nouvelles idées en 2019.
Ce serait donc très présomptueux de prétendre que je marche sur les pas de tel auteur ou réalisateur…
La présence de masques vient du fait que j’ai toujours aimé les ambiances de carnaval ou de comedia de l’arte. L’aspect étrange, à la fois festif et un peu effrayant de la chose.
Disons aussi que j’étais un fan de Stephen King à l’époque, et le côté sordide et sanglant du jeu vient sans doute en partie de là. D’ailleurs, le personnage du clown dans la ruelle, à la fin (je spoile, mais tant pis) vient, lui, très probablement de la couverture de « Ça ».
Maintenant, je serais incapable de t’expliquer pourquoi on se réveille dans une maison avec des masques, des cadavres, et des espèces de spectres déguisés en clown ou en saltimbanque. Peut-être qu’à l’époque j’avais conscience de faire n’importe quoi, mais j’essayais sans doute simplement de m’entraîner à écrire et coder, pour un projet plus sérieux ensuite 🙂
Elle représente… un masque, a priori !
J’ai créé une page pour le jeu, sur itch.io, où sont proposés mes autres jeux textuels réalisés avec Inform 7 et Texture, je bosse aussi sur Twine. CPC Rulez et CPC Power l’ont également ajouté à leur base de données, ce qui est un très grand honneur pour moi, qui fréquente ces sites comme joueur depuis des années.
Mon utilisation du CPC a été très courte et très limitée, mais amusante. Ça remonte à une vingtaine d’années aussi. Je me suis contenté d’un programme en Basic (trouvé dans le manuel d’utilisation de la machine) pour programmer des bruits et des boucles sonores, en modifiant les paramètres à vrai dire totalement au hasard. Ça m’a un peu servi de boîte à rythme minimaliste pour des morceaux électroniques. Ça s’écoute là : https://fervex.bandcamp.com/album/machines
Pourvu que ça dure !
Merci Stéphane pour cet entretien, ce fut un plaisir pour moi;).
Une bien belle et précieuse interview
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