Lorsque le rossignol a chanté ce matin, votre regard a glissé le long de la sculpturale créature allongée à vos côtés, le visage dissimulé dans les draps.  Vous avez su que ce jour allait être comme cette nuit : inoubliable. Et le bonheur arriva en début d’après midi : à l’ANPE, après 15 ans de chômage, on venait enfin de vous dégotter un CDD de chauffeur .

Il fallait livrer une citerne de bière à Munich. Facile, avez vous pensé.Vous étiez dans l’erreur: la bière c’est bon et un groupuscule terroriste, branche des alcooliques anonymes , sur des engins de mort, étaient prêts à tout pour une gorgée du précieux breuvage. En voyant l’armement de votre véhicule (mines, lance flammes, mitrailleuse), vous auriez pu vous en douter, enfin, moi, ce que j’en dis.

Maintenant que vous avez signé, si vous voulez que l’ANPE vous rappelle, il va falloir assurer.

Super la rythmique ! *Ensuite, pendant les parties, vroum, vroum, ça ne fait que ronronner. Une déclinaison du thème musical de l’intro aurait été le bienvenu.

Au début du jeu, ça pète petit et motivé. Quelques motards vous plombent le pare-choc. Quelle bande de petits joueurs ! Le genre à pas dépasser les 50m à Superski ! Ahahaha je me gausse tout en les arrosant de cartouches et pschiiit, ils s’embrasent lamentablement. Profitons de ces instants de franche hilarité car les ennemis sont de plus en plus coriaces et ceux munis de lance flammes sont terriblement nocifs. Ark, ja, ça prûle et non zeulment ça endommache le matériel mais zurtout c’est mauvais pour la bier, ja. Bière bouillue, bière foutue, eheh. 

Graphiquement, tout cela est soigné et le décor est d’une richesse époustouflante : de l’herbe, de l’herbe, toujours et pas un coin pour s’arrêter cueillir des myosotis. Mais c’est qu’on passerait des heures à regarder le décor si on pouvait ! On croise pêle-mêle motos, side cars, buggy, coccinelle et pas un véhicule normal ! Ca tire, ça cloute, ça crame, ça vous insulte,ça vous embête, ça sent le gas-oil, y a toujours un truc. Je précise : la route jusque Munich est longue et droite, pas besoin d’Atlas. 

On sélectionne les armes avec la barre d’espace et le cas échéant, on gère le déplacement du camion et la tourelle en même temps. La prise en main se fait aisément. Pour les étourdis, quand les munitions de la mitrailleuse sont au plus bas, veillez à vider votre chargeur pour enclencher la recharge automatique, ça vous évitera de vous retrouver gros jean comme devant au milieu d’une attaque. L’anticipation est la clé du succès .Sans elle, vous ne réussirez pas à récolter les items vous donnant droit à plus d’armes, ou permettant d’améliorer l’état du véhicule.  Anticiper, bis, car votre camion est un poids lourd, un vrai , qui se traîne de bord en bord avec la légèreté d’une tortue des Galapagos enceinte.

Ze truck is schématisé en haut à droite de l’écran. C’est là que vous voyez son état général, partie par partie. Des couleurs indiquent la gravité des dégâts : jaune, dégâts légers à réparer au prochain garage qui ne viendra jamais puisqu’il n’ y en a pas, vert, ça passe tranquille, pas d’inquiétude, bleu marine, aïe, aïe, aïe, ça craint à fond, la bière est en péril et à l’ANPE, ça va râler, rouge, l’agonie, noir, les pleurs, le truck qui explose et vous avec, le téléphone qui sonne chez vous, elle sort de la salle de bain, le corps encore humide, décroche, si belle, fait semblant de s’émouvoir, demande le montant de l’héritage, etc, etc… Une fin triste, le rossignol chante toujours, l’ANPE ferme et vous éteignez votre Amstrad.

*Cf. Les Compères pour les connaisseurs.

Un excellent jeu,  original, accrocheur, varié, mais un peu costaud cependant. Si quelqu’un a le screen de fin à Munich, je suis curieux de le voir.

Test réalisé par Lonard