-Septembre 2004- (Source : Phenix Informatique)

Fagal : Salut Christophe ! Comme chacun le sait ou va le découvrir, tu fais partie de la scène CPC depuis le début sous le pseudo de CSKi 😉 D’abord merci à toi d’avoir accepté de répondre à ces quelques questions.

CSKi : De rien, je vous remercie de m’avoir fait l’honneur de bien vouloir m’interviewer ! Tout d’abord, je n’ai pas commencé sous le pseudo de CSKi, mais de One. En fait j’ai adopté CSKi lorsque je chattais sur IRC vers 1997, j’ai ensuite utilisé ce pseudo pour signer des articles dans les magazines « Puces Informatiques » et « Le Virus Informatique ». J’ai ensuite changé officiellement mon pseudo pour CSKi. Il faut dire que je trouvais que « One » faisait un peu prétentieux, j’ai donc sauté sur l’occasion lorsqu’elle s’est présentée.

 

F : Alors, comment en es-tu venu au CPC ?
CSKI : Comme tout le monde je pense : J’ai profité une occasion (en l’occurrence, ma communion) pour harceler mes parents afin qu’ils m’achètent un CPC 6128. Un membre de ma famille en possédait un, dès qu’on allait lui rendre visite je ne pouvais pas décrocher de « San Pablo », « Who dares Wins 2 », et « 3D Fight ». Je crois que cette personne a fait un peu de forcing auprès de mes parents pour qu’ils cèdent !

Le CPC n’était pas le premier ordinateur qu’on avait à la maison. Mon père est électronicien, donc le sujet l’intéressait beaucoup : Dès 1982 on avait donc un TRS-80 Level 1 Model 2 à la maison. De la bonne bécane : Mode texte (avec caractères semi graphiques) en 64×24, pas de son (sauf à l’aide d’une bidouille proche de Echosoft sur CPC), 16 Ko de RAM et un bon vieux Z80 ! C’est sur cette machine que j’ai appris à programmer en Basic : Son manuel était parfait pour les débutants, c’est assez rare pour l’époque.

Pour revenir au CPC, avec son lecteur de disquette, ses 27 couleurs qui se battaient en duel (surtout en mode 2) et ses monstrueux 128 Ko de RAM, j’étais aux anges ! A cette époque, comme tous les mômes de mon âge je piratais comme un sauvage via la cour de récré de mon collège. C’était l’époque d’Amstrad Magazine, de ses articles techniques et surtout de ses listings de 50 pages en data ! A cette époque je ne possédais pas d’assembleur, j’étais donc coincé avec le Basic. Je tournais un peu en rond.

C’est vers la troisième que j’ai rencontré Roud’Sec’Hour (le programmeur principal des Mondes Parallèles), qui m’a refilé Maxam, ZE assembleur ! C’est peu près à ce moment qu’Amstrad Magazine a commencé à devenir n’importe quoi : AM’MAG (Ok), puis Micro Mag (Beurk). J’ai ainsi découvert Amstrad 100% au numéro 15, alors que je pensais que je n’allais plus trouver de magazines de programmation sur CPC en librairie. Même si Amstrad Magazine était plutôt bon techniquement, Amstrad 100% était plus pratique à mon avis. C’est grâce à ce dernier que j’ai pu commencer à programmer en assembleur (même si je suis revenu ensuite aux dossiers d’Amstrad magazine !). C’est à ce moment là que je me suis vraiment passionné pour la machine.

 

F : Comment as-tu vécu le déclin de la machine au début des année 90 ?
CSKI : Quel déclin ? Plus sérieusement, lorsqu’Amstrad a annoncé la fin du CPC, ça m’est quasiment passé à 100 miles : J’étais dans mon trip de passionné, tout ce qui m’intéressait c’était de programmer des trucs rigolos sur mon CPC. Je passais des heures entières à parler de ma bécane chérie avec ROud’Sec’Hour, on se tapait deux heures aller-et retour à vélo entre nos maisons pour parler de CPC, bref, on n’arrêtait pas ! La chose qui m’a vraiment fait prendre conscience de la fin du CPC, c’était la fin d’Amstrad Cent Pour Cent, les 3 ou 4 derniers numéros. Les tests de jeux se concluaient souvent par des phrases genre « C’est plutôt bien, pour du CPC ». Ca me faisait un peu mal au cœur de lire ça.

 

F : Faire partie de la scène CPC aujourd’hui, qu’est ce que c’est et comment ça se passe ? 🙂
CSKI : Je ne me considère pas vraiment comme quelqu’un de la scène CPC. Pour moi c’est plus une grande bande de potes que j’ai beaucoup de plaisir à retrouver (même si en ce moment les occasions sont rares, pour moi). L’excellent fanzine Another World est une manière de garder contact avec tout le monde. Pour moi, le CPC est presque devenu plus un prétexte pour les meetings. Mais ça ne m’empêche pas de coder de temps en temps à la maison ! En passant, si tu ne connais pas la scène CPC je te conseille fortement d’aller jeter un œil en meeting ! C’est plein de gens sympa, là-bas.

 

F : Tu as travaillé sur le soft « Les mondes Parallèles ». Parle nous du jeu, quel y a été ton rôle, comment a t-il été développé, l’équipe, le succès…
CSKI : Ca s’est fait en deux étapes : Dans un premier temps, nous avons commencé à deux : Roud’Sec’Hour et moi. Le but était de faire un jeu d’aventure qui soit un peu bon techniquement. D’où l’overscan (Présent depuis le début) et l’analyseur syntaxique de folie. Au début nous nous sommes attaqués à ce qui nous intéressait le plus. En gros je me suis concentré sur le scénario et j’ai demandé plein de choses irréalisables pendant que Roud’ essayait de coder sous mes coups de fouet.

J’ai quand même programmé un peu : Quasiment tout ce qu’on voit à l’écran sur la face 1 est de moi : Le logo MCHTML qui tourne, le logo des Mondes Parallèles en plein de couleurs, la nana (Pompée sur un écran de Teenage Queen et transférée en mode 1 grâce à un utilitaire maison – La première version du Graphic Wizard !), les vu-mètres en raster et les deux menus de sélection. Il doit bien y avoir quelques bouts de code à moi qui traînent dans le reste du code, mais ils sont négligeables face au travail de Roud’.

La première version regardable du soft était quasiment identique à ce que vous avez sur la face 1. Tout le jeu d’aventure (face 2) ne comportait qu’une seule image : celle de la cascade, que j’avais dessinée pour tester les routines de gestion des modes et du color cycling. C’est pas la plus jolie du jeu, objectivement. L’analyseur syntaxique était déjà là, même si on a encore travaillé beaucoup dessus par la suite.

Le scénario du monde 1 était bouclé. Nous avons envoyé un exemplaire du jeu au dernier magazine valable sur CPC à l’époque : Amstrad Cent pour Cent. Une semaine ou deux après j’ai reçu un coup de fil de Totov (qui écrit dans le mag) : il était très enthousiaste. il comparait le jeu avec des logiciels sur PC ! Je peux te dire que j’avais l’impression de flotter à 1 mètre du sol tellement j’étais heureux. Comme on avait besoin de graphistes, Totov nous a envoyé toutes les disquettes qu’ils avaient reçu pour le concours du dessin qui avait lieu dans chacun des numéros du mag.

Il devait y avoir une bonne cinquantaine de disquettes. Roud’ et moi avons fait notre sélection, nous avons retenu 4 dessinateurs. Parmi eux, trois ont été intéressés pour participer. Ce qui était chouette, c’est qu’il y en avait deux qui aimaient dessiner en Mode 0 et un qui dessinait en mode 1. Ce qui fait que les dessins étaient très variés en terme de style. Parmi les dessinateurs, il y en a un qui est ensuite passé sur PC et a fait des graphes de Démo : Il s’agit de Willy. La deuxième étape correspond à l’arrivée des graphistes.

Le jeu a vraiment évolué. Ce qui était intéressant, c’est qu’il y avait des discussions, chacun proposait ses idées pour améliorer encore le logiciel. Au niveau travail c’était génial aussi parce qu’on avait pas le sentiment de bosser : Chacun faisait ce qu’il voulait, et Roud’ intégrait le tout au programme. Pour les dessins, j’avais fait une liste des salles à dessiner, les dessinateurs choisissaient ce qui les inspirait, toute remarque ou idée était la bienvenue. Pour chaque salle on a essayé de faire quelque chose d’intéressant pour les dessinateurs comme pour le programmeur.

Au final le jeu est tombé à l’eau. Nous avons envoyé la preview qui circule sur le Net à Titus, qui était la seule société à diffuser des jeux CPC à l’époque.

J’ai limite harcelé mon contact chez Titus pour qu’il teste le jeu. Sa seule réponse a été « C’est dommage, il n’y a pas d’icônes ». Snif. Il reste que ce jeu a été une super expérience pour moi, j’espère qu’elle l’a été pour chacun des membres de l’équipe !

 

F : Nous avons essayé de finir ce jeu à plusieurs sur le tchat phenixinformatique.com. N’étant pas doués, aurais-tu la solution ?!!!
CSKI : Ah ah ! Pourtant c’est simple ! Je vais essayer de te guider, mais je ne suis plus sûr à 100% de ce qu’il faut faire (Je n’ai pas mes notes sous la main). Néanmoins ça devrait arriver à te permettre d’aller jusqu’à la fin du premier niveau jeu. En partant de la cascade, va à l’est. Tu devrais trouver une pelle par là. Elle te seras utile pour creuser dans le désert à côté du crâne, ça te permettra de récupérer de l’or, que tu iras dépenser chez le marchand. Là-bas tu devrais trouver une canne à vendre (je crois).

Pour que le loup-garou te donne un objet (une bague je crois), il faut soit le chatouiller, soit lui tirer les poils (je ne sais plus). Si tu traverses la cascade, tu vas rencontrer Totov qui va te demander un objet. Si tu le lui donnes, il t’en donne un autre en échange. Si tu jettes un objet au blob, il t’en donnera un autre. Si tu lui en jettes un deuxième, il te rendras celui que tu lui avais donné en premier, et ainsi de suite.

Tu as besoin du premier objet qu’il te donne. Tout au Nord, tu trouveras une porte. Il faut lui mettre le bâton dans le nez, et le tourner. Ce bâton était en fait une clef. Une fois passé la porte, tu vas devoir arriver à faire sourire tous les visages de l’image.

Pour cela tu dois appuyer sur les différents boutons (« Pousse bouton 1 », etc). La combinaison est assez dure à trouver. Bon courage ! Lorsque les visages sourient, une porte s’ouvre, tu te retrouves dans une pièce avec un miroir. Casse le miroir avec le marteau, le vortex est caché derrière. Et tu te retrouves au niveau 2 Maintenant, les fonctions cachées (Hé hé hé) : Dans l’écran principal (celui avec la nana de Teenage Queen), tapes « o », « n », « e », « Enter », puis « espace ». Cela débloque le cheat mode.

Dans le jeu tu as plusieurs phrases clef qui permettent de tricher. De mémoire (toujours) : « Petit papa noël, rends-moi riche » te donne tous les objets « Fais risette Annie » fait faire un faux reset au CPC. « Un p’tit lemming » lance une animation « économiseur d’écran » (Le lemming ou la sorcière qui apparaissent lorsque tu ne touches pas le clavier pendant une minute) Il y en a d’autres mais je les ai oubliés.

Sinon, dans la salle où se trouve Totov, tapes « Nord Pyjama pif », puis vas aux environs de la maison en pierre qui se trouve au Nord de la cascade. Une nouvelle salle est apparue, avec le nom de membres de l’équipe en guide d’illustration. En partant de la cascade, va à l’est jusqu’à te trouver à l’Est de la forêt. Mange l’un des champignons, ils sont hallucinogènes Ah, il y a une fonction que personne ne connaît, parce que personne n’a la notice (Normale) : Tapes « Joue Musique 1 », « Joue Musique 2 » ou « Joue musique 3 ». Ah, il y a aussi « Active vumetres ». On avait encore un peu de temps machine à gaspiller ! Je crois que j’ai fait le tour. Si vous n’arrivez pas à finir le jeu, je ferais une petite soluce à l’occasion.

 

F : As-tu bossé sur d’autres softs développés sur Amstrad ?
CSKI : A part les démos, c’est tout. Je regrette

 

F : Ton avis sur l’émulation du CPC : une hérésie ou le moyen de se faire un maximum de jeux ?
CSKI : Hérésie ! Du moins pour le moment : L’émulation est loin d’être parfaite, il est clair qu’entre lancer un programme sur un vrai CPC et un émulateur c’est loin d’être la même chose ! Ne serais-ce que pour le confort du clavier du CPC (faut jongler avec celui du PC, je trouve). Avec un émulateur je n’ai jamais réussi à faire le « RUN » des élites : Tu tapes le nom du fichier que tu veux lancer, tu maintiens la touche « control » enfoncée tout en appuyant sur « flèche gauche », puis « enter ». Sur CPC ça marche nickel.

Sur PC, bof. Les émulateurs d’ordinateurs sont loin d’être parfaits, notamment au niveau du temps machine. Si à l’époque du Pentium 133 c’était excusable parce qu’il fallait que ça tourne, maintenant ça l’est moins : Lorsqu’il n’y aura plus un seul CPC fonctionnel (un composant électronique, ça vieillit), on n’aura plus la possibilité de coder au NOP près comme on l’a toujours fait. Je préférerais largement un émulo un peu lent (de toutes façon dans un an les CPUs seront assez puissant pour le faire tourner correctement) mais hyper respectueux au niveau des timings.

 

F : As-tu fait des rencontres marquantes dans le monde du CPC en bossant sur un soft ou plus tard en meeting ?
CSKI : Plein ! Tous les gens que tu peux voir en meeting sont intéressants et passionnants à écouter. Pas que sur le sujet du CPC d’ailleurs.

 

F : Et aujourd’hui, ton job est-ce toujours l’informatique ou as-tu décroché ?
CSKI : Je suis toujours dans l’informatique, mais je suis loin de l’orgasme, j’avoue. C’est dommage que la programmation en entreprise ne soit pas aussi ‘fun’ que le développement collaboratif. Heureusement le soir je me rattrape : J’écris régulièrement des articles dans les publications de la société ACBM (Le Virus Informatique, les Puces Informatiques et Pirates Mag), je bricole un émulateur DAI (en respectant les timings, na !

Cet émulo pourrait de plus être un point de départ intéressant pour un émulo CPC, aussi).

 

F : Une question récurrente : ton top 5 des softs CPC. Et celui toutes machines confondues ?CSKI : Alors :
– L’Arche du Capitaine Blood ! Le meilleur jeu du monde !
– Gryzor, idem, mais un peu moins que Blood (je préfère les jeux où je peux aller pisser sans avoir à appuyer sur la touche pause)
– Commando, pour l’adrénaline
– Gauntlet, je regrette d’ailleurs qu’il n’y ait pas plus de jeux d’exploration de donjons sur CPC.
– Wec le mans, pour la réalisation parfaite et la jouabilité.

Toutes machines confondues (j’exclus le CPC) :
– Dance dance Revolution sur PSOne/PS2 : Un jeu innovant, con comme tout, mais terriblement addictif ! Et facilement réalisable sur CPC. Avec le tapis et tout !
– Alien Breed sur Amiga : Voilà un jeu d’exploration de donjons que je rêve de voir sur CPC. Très prenant.
– Skies of Arkadia sur Dreamcast. Un jeu d’aventure splendide, épique, et qui n’est pas linéaire !
– Typing of the Dead sur Dreamcast. Déjà « House of the Dead » est terrible en tant que jeu de tir, mais Typing c’est l’au-delà : Imagines, les morts-vivant apparaissent avec un écriteau autour du cou, tu dois taper au clavier le mot (voire la phrase dans les derniers niveaux) sans faire de faute de frappe. Idiot. Mais génial !
– Space Channel 5 : Encore un jeu de rythme, mais contrairement à DDR tu incarnes une nana qui doit se battre contre de méchants extra-terrestres venus envahir la planète. Encore un jeu délirant à l’atmosphère particulière, bourré d’humour et très… Disco !

 

F : Merci à toi Christophe de la part de l’équipe. N’hésite pas à passer sur le forum ou sur le tchat 🙂
CSKI : Pas de problème, dès que j’arrive à faire fonctionner le chat avec FireFox, je viens.

 

F : Comme d’habitude la conclusion te revient !
CSKI : Le CPC c’est bon, mangez-en Sir E. Bergé