Amstrad CPC 472 (Amstradeus)

Tout n’a pas toujours été facile pour Amstrad lors de son internationalisation, notamment en Espagne.

D‘abord, la présence d’Amstrad en Espagne, c’est un homme : le patron d’Indescomp, j’ai nommé José Luis Dominguez. Ce personnage haut en couleurs, à l’instar de Marion Vannier, avait un background commercial. Son père travaillait dans l’aluminium. Mais Dominguez ne put profiter de cette situation privilégiée car l’entreprise fit faillite à ses 17 ans. Commencèrent les petits boulots après ses études, notamment celui de vente en porte-à-porte.

Son père le pressait pour qu’il trouve un travail plus « digne » (banque par exemple), mais l’espagnol voulait prouver de quoi il était capable, surtout à son père. Il économisa ainsi beaucoup d’argent pour prouver à son père sa réussite, mais la veille de pouvoir le faire son père se tua dans un accident de voiture. C’est ce jour qu’il se jura de monter un business à succès. Il dut attendre près de 10 ans pour pouvoir le faire.

C‘est en 1981 qu’il créa Indescomp, cherchant encore ce qu’il pourrait vendre…

Amstrad habla español


Le lecteur de casette

La révolution informatique le fascinait, notamment le succès d’entreprises telles Apple, Atari ou encore Sinclair. De plus, l’informatique personnelle était quasiment inexistante en Espagne. Il avait trouvé la sa voie. Il essaya de devenir importateur de Sinclair puis Acorn en Espagne, sans succès. Et c’est la qu’il entendit parler d’Amstrad.

Mais tout ne fut pas évident, car faire un deal avec Sugar est souvent périlleux. Il essaya d’abord en vain d’entrer en contact avec Amstrad qui n’était pas intéressé. Puis il avança un argument imparable pour Sugar et Watkins : Indescomp avait distribué un logiciel qui fut un hit. Désespérément à la recherche de softs, Watkinks se montra très intéressé, mais uniquement pour la création de jeu. Pas question de parler de distribution. Et Dominguez revint vers Madrid avec un superbe prototype du CPC 464. Et un mois plus tard, Sugar put voir une démonstration du jeu et fut assez impressionné.

Il lui proposa une rémunération basée sur des royalties que Dominguez refusa en lui offrant le jeu mais en exigeant la distribution pour l’Espagne, même si Amstrad ne souhaitait pas encore distribuer le CPC dans la péninsule ibérique.

Qu’à cela ne tienne. Sugar accepta à la condition qu’Indescomp lui fournisse une dizaine de jeux. Et pire, Indescomp devait acheter les machines… ce qui exigeait un gros apport initial. Il alla jusqu’à hypothéquer sa maison pour pouvoir importer 500 CPC. Mais les machines arrivèrent pour Noël 84. La pub et les qualités de la machine firent le reste. Ce fut un succès. Et la vision de Sugar sur la péninsule ibérique changea. Indescomp allait donc être le distributeur d’Amstrad jusqu’à ce qu’en 1987 Amstrad rachète Indescomp pour en faire Amstrad Espagne.

Le cousin ibérique

Le gouvernement espagnol ne put que constater le succès de l’informatique familiale dans son pays. Et un peu à l’instar de nos chers gouvernements, il s’inquiétait de la dominance de l’anglais. Les claviers n’étaient même pas adaptés à l’espagnol. En effet, le tilde (~), caractéristique des langues ibériques – espagnol et portugais – n’étaient pas présent. Il instaura donc un taxe pour tous les ordinateurs de 64 Ko ou moins dont le clavier n’aurait pas le Ñ. Pour contourner cette taxe, il fut décidé de rajouter un module de 8 Ko (qui ne servent absolument à rien et ne sont même pas visibles à partir du basic) faisant ainsi passer la machine à 72 Ko de RAM. Et oui, il était plus intéressant de rajouter cette extension que de changer le clavier.

La loi finit par évoluer pour taxer tous les ordinateurs. Amstrad dut donc modifier le clavier et rajouter cette fameuse touche. Le 472 existe ainsi en deux versions. Une version avec et sans la touche Ñ.

Le montage avec le circuit 4116 à gauche du 40022
(remplacé par le 40037 sur la version avec le Ñ)

 

(c) Charles da Silva – 2003
Sources : David Thomas « Alan Sugar« 
François Quentin « Ces ordinateurs sont dangeureux« 
William Poël, Richard Clayton dans leur interview respectives sur le site
Site « old-computers.com »