Amstrad CPC 464 (Amstradeus)

L’histoire :

En 1982, Alan Michael Sugar était déjà bien établi. Amstrad surfait sur la vague de la CB, alors en pleine éclosion. Oui, mais voila : Sugar a toujours été persuadé qu’il fallait quitter un marché au moment où il connaît le plus de succès (et surtout au moment où tous vos concurrents s’y installent).

1982, c’est également l’année de l’explosion de la micro-informatique chez nos amis d’outre manche avec notamment Oric et Sinclair, une marque britannique, qui fait un carton avec son petit Spectrum après avoir révolutionné le marché grâce à son ZX80 puis ZX81. Même IBM, LA référence, s’y est mis. Alors Sugar se dit pourquoi pas. Et il analyse. Et il voit que les gens sont tarés. Que les gens achètent tout ce qu’on leur dit d’acheter. Que les kilomètres de fil ne les gènent pas, que les alimentations par appareil ou périphérique non plus. Qu’il y a des centaines de normes toutes différentes les unes des autres…

Alan Sugar présente fièrement son CPC 464.

*  Prix constatés au mois de Septembre 1984 sur revues d’époque (sauf CPC 6128).

Comme on le voit, il n’y avait pas photo. L’Amstrad était réellement le mieux placé au niveau du prix. Le CPC (Colour Personal Computer) connut un grand succès en Grande Bretagne mais également et surtout en France ainsi qu’en Espagne et en Allemagne, où il fut commercialisé sous la marque Schneider.

Il reste aujourd’hui un micro facile à trouver pour tout collectionneur et garde le même charme, certainement dû au chargement cassette si caractéristique (mais qui présente l’avantage d’être bien plus fiable que chez ses concurrents Sinclair ou Oric).

La Technique :

Comme toujours avec Amstrad, il faut comprendre les caractéristiques d’un produit du point de vue marketing et vendabilité. Parce que très souvent, c’est les analyses de Sugar qui ont fait le produit. Prenons le cas de notre cher 464.

– Ensemble complet UC+mémoire de masse+moniteur

Quand Sugar analyse le marché en 82, il ne comprend pas les acheteurs. Comment font ils pour dépenser des centaines de livres (ou milliers de francs chez nous) pour se retrouver avec des ensembles mal pensés ? Pour un ensemble complet, il faut une télé (1 câble d’alimentation+1 câble vidéo), un lecteur de cassette ou disquette (1 câble d’alimentation+1 câble de liaison) et l’UC elle même (1 câble d’alimentation). Sugar décide donc de « leur en donner pour leur argent » et de vendre donc la totale. Ce sera le cas. Le CPC 464 n’a qu’un seul câble d’alimentation provenant du moniteur (le moniteur contenant l’alimentation) et deux câbles du moniteur vers le CPC (alim + vidéo). Cela donne un aspect bien plus pro à l’ensemble.

– Lecteur de K7 intégré

Non seulement cela évite le nombre de câbles génants, mais surtout (un peu dans l’idée du tout intégré), cela évite le nombre d’alimentation. Et qu’y a t-il de plus cher et de moins rémunérateur si ce n’est l’alimentation. Le positionnement prix de la machine ayant été fixé auparavant, il fallait réduire tout coût superflu. Et voila…

Vue interne du lecteur de K7 (239 Ko)

– Gate Array (40010)

C‘est une des grandes réussites du CPC que l’on doit à Mark-Eric Jones. La encore, c’est plus le coût de revient de l’appareil que le coté technique qui l’a emporte. Il fallait penser à réduire le nombre de composants et ainsi le coût de la machine. Ce fut chose faite grâce au Gate Array. C’est un chip conçu exclusivement pour utilisation dans les CPC (dans la série +, ses fonctions seront regroupées dans l’ASIC). Il est responsable de :

– la vidéo avec le CRTC

– la commutation des Roms

– la commutation des pages de RAM supplémentaires (6128)

– la sélection du mode écran

– la gestion de la palette de couleurs

– la réinitialisation du compteur d’interruption.

La carte mère :

La carte mère est dépouillée, c’est clair. C’est surtout qu’elle est assez large comparé par exemple à un Atari 800XL voir un C64. Et puis forcément, avec le Gate Array, il y a besoin de moins de chip. On sent quand même que c’est soigné et l’ensemble inspire vraiment confiance. D’ailleurs c’est ce qui fera une des forces du CPC 464. Quand le taux de retour des Spectrums et BBC était de l’ordre de 20%, celui des CPC n’excédait pas 4%. Sacré différence quand même. Forcément, les revendeurs apprécieront !

Carte mère CPC 464

J‘ai également retrouvé une variante, apparemment un modèle destiné au marché espagnol et dont la carte mère est différente, sans rien changer au fonctionnement. Elle est en effet plus petite et les chips y sont disposés différemment. Une partie de la connectique se retrouve sur le côté (son, joystick) et l’arrivée d’alimentation ainsi que le signal vidéo sont déplacés de la droite vers la gauche. Le Gate array est lui disposé en bas de la carte mère et la mémoire est alignée et non plus disposée côte à côte.

Modèle plus court et de disposition différente

Le clavier :

Le clavier est pour moi une des plus grandes réussites de ce modèle. Faisons un tour de concurrence :

Le clavier du CPC 464 est un modèle du genre. Agréable et super complet. Mine de rien, le pavé numérique est un réel confort, malgré tout ce que les gens pouvaient dire à l’époque. D’ailleurs, qui aujourd’hui pourrait s’en passer ? En tous les cas, la saisie de listing remplis de DATA n’était plus le calvaire que l’on pouvait rencontrer sur le Thomson ou le C64.

Le clavier vu de dessus

Vue de dessous

La membrane clavier

Le CPC est donc équipé du fameux Z80, processeur vedette des années 80. On le voit au centre haut de la photo. 64 Ko de mémoire équipent le modèle, ce qui constitue de toute façon la limite pour le processeur qui ne sait pas gérer plus de mémoire. Du moins pas naturellement. On verra sur le 6128 comment cela peut être contourné et comment Locomotive a pu réaliser cela.

Les graphismes :

Il existe 3 modes graphiques sur CPC :

Mode 0 : 160X200

16 couleurs simultanées sur 27 possibles
20 caractères par ligne

Mode 1 : 320X200

4 couleurs simultanées sur 27 possibles
40 caractères par ligne

Mode 2 : 640X200

2 couleurs simultanées sur 27 possibles
80 caractères par ligne

A noter que le mélange est possible et beaucoup de jeux utiliseront ce stratagème dès 1985. Cela permet ainsi d’avoir un tableau de bord par exemple en mode 1 (plus fin, donc plus de détail) et le reste du jeu en mode 0 afin d’avoir plus de couleurs.

Ce qui manque réellement sont les sprites hardware, tant encensés par les utilisateurs de C64 au plus fort de la « guéguerre » entre ces deux machines. Et c’est vrai qu’il était plus ardu de programmer cet aspect sur CPC. Mais cela n’influe en rien la qualité des jeux. Il suffit de tester pour le voir. La qualité du portage est plus souvent la vraie coupable que les qualités de la machine.

En bref, le CPC 464 est une machine attachante pour peu qu’on fasse fi du chargement par cassette, courant à l’époque. Découvrez les autres machines ainsi que son Basic pour vous en faire une idée encore plus réaliste.  

Les différents modèles :

Amstrad

– CPC 464 QWERTY
– CPC 464 AZERTY
– CPC 464 QWERTY touche ñ (clavier espagnol)

Schneider

– CPC 464 QWERTY
– CPC 464 AZERTY

Il existe également un modèle peu répandu : le CPC 472. Il s’agit d’un modèle réservé exclusivement à l’Espagne pour contourner une loi à l’époque qui obligeait tout ordinateur dont la mémoire RAM inférieure ou égale à 64K devait avoir un clavier adapté à l’Espagne (avec la fameuse touche ñ). Changer le clavier aurait été coûteux. Amstrad décidé de passer la mémoire à 72K (les Ko additionnels ne servent absolument à rien). Peu de temps après, ce modèle fut abandonné et le clavier espagnol adopté. Comme vous le verrez dans les interviews, peu de personnes étaient au courant. Ni les gens de chez Locomotive, ni même chez Amstrad comme le dit William Poël !

(c) Charles da Silva – 2003
Sources : David Thomas « Alan Sugar« 
François Quentin « Ces ordinateurs sont dangeureux« 
William Poël, Richard Clayton dans leur interview respectives sur le site site « old-computers.com »