– Quel était votre rôle chez Ambit ?

Directeur et co-fondateur

– Sur quels projets Amstrad avez-vous travaillé ?
Tous jusqu’au PC 1512 inclus

– Quand avez-vous quitté Amstrad ?
Euh… le 5 novembre de l’année de lancement du PCW (NDLR : 1985)  

Quelle a été votre première réaction quand Amstrad vous a demandé de travailler pour eux sur le projet du CPC ?
Un grand intérêt – c’était une sacré époque le début de la micro familiale – époque du Spectrum, Oric, Lynx, BBC et C64

– Quelle a été votre réaction à la vue du prototype basé sur un 6502 ?
Recommencer à nouveau. Il était à peine commencé

– Cela veut il dire que vous n’avez rien gardé du travail précédemment réalisé ? Et pourquoi passer au Z80 au lieu du 6502 ?
Nous avons gardé les moules plastiques, rien d’autre. Tous ceux que je connaissais étaient des spécialistes du Z80 et le Z80 s’implantait de plus en plus à l’époque.

– Quel était le nom de code du CPC puisqu’il y a polémique (était-ce IDIOT ou ARNOLD) ?
ARNOLD – un anagramme de Roland
IDIOT était le nom de code de la version disque – CPC 664/6128 (Insert Disc Instead Of Tape)

– Que pensiez vous à l’époque de la machine ? Et qu’en pensez vous maintenant ?
Nous pensions qu’elle était plutôt bonne – certainement une des meilleures de son époque en terme de design, documentation et machine complète. La fiabilité par rapport à la concurrence était énorme – Sinclair et les autres connaissaient des taux de retour au dessus de 20%, le CPC était sous la barre des 4%

Elle aurait pu avoir des Sprites Hardware, mais le temps pressait. Le CP/M était un bonus.  En regardant en arrière, c’était probablement le meilleur rapport idées/prix

– Est-ce vrai que vous avez eu l’idée du 664 en faisant un mix du 464 et de l’unité DDI-1 ?
Je ne me rappelle pas qui en a eu l’idée en premier – c’était plutôt évident

 

 – Le 664 a été plutôt chahuté et a donné une image négative d’Amstrad ? Que pensez vous de tout ce qui a été dit sur l’abandon du 664 ?
L’évolution est naturelle et elle peut irriter les gens – mais vous ne pouvez pas ramener votre Peugeot 306 et pleurer parce que la 307 est sortie, n’est-ce pas ?

A propos de votre travail chez Amstrad :

– Quelle était votre relation avec Alan Sugar, Amstrad et MEJ Electronics ?
AMS était le boss, les autres étaient plutôt des gens de la HiFi et un peu dépassés par tout cela et MEJ était le contact de Roland – très performant et avait compris exactement ce qui était attendu – et l’a fait !

– Quelle est votre relation avec Roland Perry ?
Je connais Roland depuis l’école. J’étais celui qui traduisais les idées brutes d’Alan Michael Sugar. Roland prenait la relève technique à partir de la.

– Etes vous toujours en contact avec lui ?
Oui, mais il déménage aux US. Sa femme vient de là-bas.

– Quel éditeur a été le plus enthousiaste à apporter son support au CPC ?
Le Spectrum et le BBC étaient les chevaux de bataille des développeurs de softs à l’époque – la plupart souhaitait attendre que le CPC se vendent en nombre suffisant avant de s’en préoccuper – mais HiSoft avec leur utilitaires de développement sur Z80 jouait le jeu. Les tous premiers donc étaient Indescomp et Virgin Games.

– Comment était-ce à Amsoft ?
Il fallait lancer l’aspect software et monter une revue pour les utilisateurs afin d’initier le processus de support que les éditeurs ne suivraient que s’ils voyaient un réel marché. Il y avait déjà pas mal de titres BBC, Spectrum et Commdore.

– Quel est le projet le plus intéressant que vous ayez eu à Amstrad/Amsoft ?
Le PCW 8256 était vraiment révolutionnaire.

– Etiez vous en contact avec Amstrad France ou Indescomp ?
Les deux. Mais j’ai perdu contact depuis longtemps.

– Etiez vous au courant de l’existence du CPC 472 ?
Ah la, vous m’avez eu ! Qu’est ce que cette machine ? 

 

– Pourquoi pensez vous qu’Amstrad n’a pas réussi aux Etats-Unis ?
Personne à part eux ne connaît le succès aux USA au niveau des produits technologiques – et même beaucoup d’entre eux se ratent complètement de toute façon. Mais de façon plus générale, le coût d’entrée est trop important. Et si quelqu’un comme Wal-Mart décide de stocker un produit, les coûts de financement de la production sont effrayants.

– Que pensez vous de ce qui est arrivé à Amstrad ?
C’est dommage qu’ils se soient trop engagés avec Intel et Microsoft et ait perdu leur côté innovateur – mais ils n’avaient jamais vraiment compris le pourquoi de leur succès. Toutefois, il y a un vent nouveau chez Amstrad et je pense que l’on pourrait voir quelques idées et produits très intéressants prochainement.

– Que pensez vous du paysage informatique d’aujourd’hui ?
J’aimerai que les applications Linux soient en nombre suffisants pour miner Microsoft.

A propos de vous :

– Quel est votre Amstrad préféré ?
Le PC 1640

– Quel est le pire ?
Le transportable avec l’horrible écran LCD, PC6640 (je ne me rappelle plus du nom)

(NDLR : il s’agit du PPC640)

– Quel est le projet que vous regrettez de ne pas avoir terminé ?
Une suite au PCW, sur une base PC avec un grand écran A4 et tout en ethernet alors que personne ne voyait le LAN avec sérieux. Une vraie station de travail.

– Avez-vous des regrets sur cette période ?
Ne pas avoir vendu mes actions au bon moment

– Quel est votre boulot aujourd’hui ?
Je suis le fondateur et Directeur Manager de http://www.usp.net – on est sur le point de lancer de nouveaux services ISP donc je suis plutôt occupé en ce moment. Peut être devrions nous proposer des offres spéciales pour les fans d’Amstrad…

– Que pensez vous des collectionneurs ?
Je pense que c’est inévitable – et j’espère que cela vaut le coup – même si je me demande si un ordinateur atteindra le statut de vraie antiquité, puisque leur valeur est celle d’objet utilisée tous les jours. Je ne vois pas l’utilité d’utiliser un vieux PC à moins d’être masochiste et d’avoir une réserve infinie de temps et patience. Et je connais trop de personnes utilisant encore des PCW pour croire que la machine puisse avoir une quelconque valeur pour l’instant.

– Possédez vous (ou un familier) toujours un CPC ou autre Amstrad ?
J’en ai un quelque part dans le loft.

– Merci encore pour votre temps. En tant que fan de CPC, ce fut un véritable honneur de pouvoir réaliser cette interview.
C’est sympa de savoir que des personnes pensent à nous après tout ce temps !

Interview réalisée au mois de Juillet 2003. Merci mille fois à M. Poel pour sa gentillesse…

(c) Charles da Silva – 2003